Archives de catégorie : Médias mutants

La presse dans la tempête: déjà un mort

La tempête frappe et c’est le début de l’hécatombe. The Perfect Storm (référence à un des thèmes discutés aux états généraux de la presse, en France, il y a quelques semaines).

Le New York Times hypothèque son siège social

Les perspectives n’étaient déjà pas très roses pour le New York Times, malgré des initiatives web, la grosse machine (et ses rotatives) continue de drainer ses ressources et de perdre du lectorat. Le célèbre journal hypothèque sa part de l’immeuble de 52 étages, oeuvre de l’architecte Renzo Piano, terminé l’an dernier.

Deux marges de crédit de 400 millions de dollars surchargées, des coûts d’opérations toujours aussi lourds et, surtout, des revenus publicitaires qui déclinent continuellement. Ceux-ci sont en grande partie composés des petites annonces que la clientèle, même parmi les plus conservateurs, délaisse pour les plateformes web spécialisées. Les grands annonceurs, qui composent l’autre partie des revenus publicitaires, sont devenus plus frileux ou vivent des difficultés  financières (automobile, finance).

Les annonceurs se sont tournés vers la publicité en ligne, mais celle-ci rapporte moins, la concurrence est forte et l’attention des lecteurs de plus en plus fragmentée et volatile.

Le groupe de presse Tribune Co. dépose son bilan

Le groupe Tribune, un des plus gros joueurs, propriétaire, entre autres, du Los Angeles Times et du Chicago Tribune, jette la serviette. Trop de dettes, chute de ses revenus publicitaires lors du 3e trimestre.

Sombre prévisions pour les médias qui dépendent de la pub

La presse sera la plus touchée des médias. Le New York Times rapporte le sujet chaud de la conférence annuelle sur les médias, pilotée par UBS (n’est ce pas le même groupe qui était en mauvaise posture financière ? Quand on se compare, on se console) fait sortir les prévisions des analystes.

Les chiffres sont désolants:

Spending for ads in newspapers next year will decline « by another 10 to 15 percent » from 2008, the Carat report said, as categories like real estate, retail and classified « all may see their newspaper spending drop by double digits. »(même source que précédemment).

…mais c’était à prévoir. Les observateurs des médias ont, depuis plusieurs années, soulignés l’urgence du renouvellement du modèle d’affaires et de la pratique du métier de journalisme.

As a result, Mr. Smith forecast a « cultural shift » in the newspaper industry, as local and regional papers adjust from 30 percent profit margins to 10 percent margins – « forever. »(idem)

Modèle d’affaires web pur

Le Huffington Post, reçoit un financement de 25 millions de dollars. Évaluée à 100 millions de dollars, la petite entreprises (46 employés) repose sur le journalisme de liens (link journalism) et les enquêtes. Elle n’a pas de dettes.  Le Post a débuté une version locale pour Chicago.

Autre modèle à l’essai: le financement par le public ou l’audience (crowfunding), expliqué de façon amusante par Alain Giraudo dans son blogue Chienecrase (ha ha) dédié aux médias et à la pratique du journalisme. Le cas Spot.us:

Bref des gens qui ont de l’imagination, il y en a. David Cohn par exemple. Voilà son idée: le journalisme est un process, pas un produit (tout le monde est d’accord?), mais ce process est consommateur de temps, le temps c’est de l’argent, donc il faut payer ceux qui réalisent ce process professionnellement (et jusque là tout le monde devrait encore être d’accord!). Or le journalisme est désormais participatif (là bien sûr j’entends des dents qui commencent à grincer) si bien qu’une façon de réaliser cette participation serait de donner la possibilité au public (on peut aussi dire les lecteurs potentiels) de financer la recherche et le traitement des informations qu’ils ont envie de lire. Et David Cohn de préciser que ce type de journalisme, catalogué comme « civique », n’a pas besoin de faire 30% de marges bénéficiaires.

Le modèle payant n’est pas mort

Dans Monday Note (point de vue de professionnels français de la presse, en fonction à l’étranger), un billet sur la résurgence du modèle payant.

Hyperlocal – Sites d’informations locales

Le web et l’hyperlocal: nouvelle initiative dans le domaine de l’information et du journalisme.

Une station de radio communautaire et un journal de la rive sud de Montréal s’unissent pour offrir un site dédié aux informations locales, Media Sud.ca (avec l’accent).

Partenariat possible avec une institution d’enseignement collégial (Cégep Édouard Monpetit) qui offre un programme de formation sur le reportage et le documentaire.

Ceci rappelle l’initiative de The Gazette, avec le site de son édition locale pour l’ouest de l’île de Montréal (WestIslandGazette.com).

Référence également à l’expérience de Rob Curley, depuis son arrivée au journal Las Vegas Sun. Son blogue permet de suivre l’adaptation des salles de rédaction, papier et numérique, dans une petite entreprise de presse.

Les revues et le web – Une opportunité

L’avenir des revues culturelles repose sur un échange direct et bidirectionnel entre les revues et leurs communautés d’intérêt. Le Devoir du samedi 22 novembre, publie un cahier spécial consacré au domaine de l’édition. Plusieurs articles sont consacrés aux revues culturelles et aux 30 ans de la SODEP (Société de développement des périodiques culturels québecois).

Propos très intéressants et lucides d’Yves Beauregard (président de la SODEP).

M. Beauregard s’interroge sur les défis de l’édition des périodiques culturels et sur les usages du web.

Est-ce que chacun de nos périodiques devrait avoir sa copie électronique ?

D’abord, le site d’une revue ne devrait pas être la copie du numéro de la revue. Il serait une erreur de se limiter à reproduire la revue en version électronique. Celle-ci doit profiter des avantages qu’offre le web pour rejoindre des membres de sa communauté d’intérêt que la version imprimée ne rejoint pas. Un contenu électronique peut être mis à jour et commenté. On peut également y ajouter des liens vers des sources ou des informations pertinentes. On peut y insérer des liens vers des photographies, des documents audio et vidéo, des blogues. On peut attirer les contributions des acteurs et des témoins d’évènements culturels pour le bénéfice des lecteurs.

Ensuite, chaque revue doit avoir son espace sur le web, c’est essentiel pour que chaque communauté d’intérêt ait son espace et son identité propre, mais cela n’implique pas qu’il faille mettre en place une structure et des applications complexes. Les applications de bogue (Blogger, WordPress) présentent des fonctionnalités qui permettent de développer des micro sites. Ces applications sont très faciles à utiliser, ne nécessitent pas de programmation et sont gratuites (les versions entreprises permettent de gérer plusieurs blogues/microsites à la fois et ne coûtent pas 100 $).

Par contre, ces micro sites peuvent être fédérés sur un site comme celui de la SODEP. De plus, ceci contribue au référencement du contenu des sites des revues auprés des moteurs de recherche.

Devrait-on le (patrimoine culturel de nos périodiques) numériser et le rendre accessible ?

La numérisation des archives constitue une étape plus en aval des projets de publication numérique. Établir une présence forte, bien référencée sur le web et qui attire une communauté, est l’objectif principal à atteindre. Il sera ensuite pertinent l’analyser le contenu des archives et de s’interroger sur les modalités de son exploitation.

Les revues spécialisées, le web et les communautés d’intérêt

Le web n’est pas le concurrent de la version imprimée de la revue, mais un complément ou une extension. Il y a un marché pour l’objet imprimé et un pour le contenu numérique (ceci inclut les outils, applications et bases de données, offertes aux utilisateurs).

Une revue spécialisée s’adresse à une communauté d’intérêt :

  • Experts des secteurs académiques et professionnels;
  • Étudiants (futurs experts);
  • Amateurs (membres du public qui sont passionnés par le sujet et qui contribuent à la vie de la communauté d’intérêt en investissant de leur temps et efforts);
  • Public (membres du public qui sont intéressés par le sujet).

Les opportunités

Le site d’une revue permet de rejoindre cette communauté et d’établir des liens de communication directs.

Parce qu’il n’est pas limité dans le temps et dans l’espace, le site de la revue permet de constituer des thématiques et de les alimenter;

S’il est bien référencé, il peut être trouvé par des membres de la communauté d’intérêt qui ne connaissent pas la revue et en deviendraient des lecteurs;

S’il utilise efficacement les techniques de diffusion sur le web (flux RSS, réseaux sociaux, micro blogging), il peut diffuser son contenu à grande échelle sans frais;

S’il intègre progressivement et intelligemment les outils participatifs et collaboratifs, il peut s’enrichir du contenu généré par les utilisateurs;

Enfin, à l’aide de ces outils, il peut se tenir à l’écoute de la communauté et se positionner comme un lieu de référence et d’échanges pour celle-ci.

Édition numérique – Cours Économie du document

Réflexion sur les enjeux de l’édition numérique en regard du cours de Jean-Michel Salaün, Économie du document (École de Bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal).

À considérer pour l’analyse des modèle de revenu pour l’édition numérique

La publication numérique n’est pas un bien physique.

On refuse de payer pour un quelque chose d’aussi intangible que l’accès.

L’information est, de plus, souvent perçue comme jetable (aussitôt consultée, l’information perd sa valeur).

La publication imprimée ne disparaîtra pas

La publication imprimée est un bien physique.

On achète un livre parce que c’est un objet que l’on peut conserver, collectionner, prêter.

Le contenu est indissociable du médium et n’est pas affecté par les considérations technologiques telles que l’interopérabilité.

Questions

La génération des natifs du numérique posera avec encore plus de pression, des défis pour l’édition numérique. La génération qui n’a pas connu l’avant-web et qui, contrairement aux générations précédentes, surfe sur les changements, répugne à payer pour du jetable et de l’intangible. Par exemple:

  • Une infime proportion de titres de musique téléchargés par un ado sur des sites de partage il y a 3 mois est encore écoutée.
  • Par contre, ce même ado n’a pas hésité à acheter le numéro spécial d’une revue portant sur son groupe préféré et fera probablement l’acquisition d’un billet pour le spectacle du même groupe, et de son CD si celui-ci est un objet intéressant et contien des inédits.

Les consommateurs, et plus spécifiquement,  les natifs du numérique, perçcoivent-ils l’abonnement comme un engagement qui limiterait les opportunités ?

Quelle doit être l’offre des périodiques et journaux pour que celle-ci soit perçue comme ayant une valeur ?Valeur pour une communauté d’intérêt spécifique uniquement ? La longue traîne est -elle un modèle viable pour les petits éditeurs de périodiques ?

Tempête sur la presse mondiale: il y aura des morts

Les problèmes auxquels fait face la presse (ceci inclut les magazines) mondiale sont analysés dans le rapport The Perfect Storm publié par Éric Scherer, directeur, analyse stratégique, à l’Agence France Presse, dans le cadre des États généraux de la presse (France).

Ces constatations du mileu de la presse française s’ajoutent à celles émises plus tôt cette années lors des différentes rencontres de l’industrie.

Déclin du display ad

Baisse des revenus publicitaires en ligne (et non plus uniquement des revenus sur papier). Ceci, dû en partie, à la baisse du CPM (coût par mille impressions ou pages vues) et au succès de la publicité contextuelle à la recherche (search ad) sur le simple affichage publcitaire (display ad).

Ceci est corroboré par la publication de l’étude annuelle de Morgan Stanley sur les tendances du Web.

Suprématie de Google

Google poursuit sa domination écrasante du marché publicitaire en ligne. Le taux de commission de Google sur AdWords et AdSense est de 70%.

Insuffisante maîtrise du Web

10 fois moins bien référencé que leurs concurrents « purs Web », alors que leur contenu en ligne est, de loin, beaucoup plus volumineux.

Deux crises

Remise en cause des modèles actuels de la presse. Deux crises :conjoncture (économie) et mutation structurelle (La presse est à la fois touchée par le changement qu’apporte Internet et acteur du changement). Bruno Patino (Directeur, France Culture), États généraux de la presse écrite, Pôle de réflexion Internet / numérique.

Bruno Patino, a réalisé le rapport sur les tendances, défis et pistes de réflexion de l’édition numérique pour le Minstère de la Culture (France).

Salon du livre de Montréal – Enjeux de l’édition numérique

Invité par la Librairie Monet (voir un site qui donne envie de lire), François Bon participera au débat sur les enjeux de l’édition numérique qui aura lieu au Salon du livre, à la Place Bonaventure, le 22 novembre.

François Bon est un observateur des changements (et des possibles) qui remodèlent l’édition, rapportés dans son blogue Le tiers livre. Il est aussi l’instigateur du site Publie.net qui promouvoit le développement de l’édition numérique (incluant la création).

Quelques enjeux:

  • Diffusion et droit d’auteur
  • Désintermédiation (auto-édition)
  • Contrôle de l’intégrité
  • Support et modèle d’affaires

Liseuses: après le Kindkle…

Depuis le Kindle (Amazon), de nouvelles liseuses apparaissent sur le marché et les fabriquants actuels améliorent les modèles actuels. L’ouverture des sytèmes (à l’encontre de laquelle vont certains modèles d’affaires) demeure un sujet chaud.

Alternatives au système fermé d’Amazon, plusieurs liseuses permettent de lire des fichiers PDF, de choisir ses fournisseurs et éditeurs, et également d’accéder aux millions de titres de Google Books.

Autre alternative: l’iPhone, le couteau suisse, de la mobilité informatique permet de se déplacer léger.

Deux publications revoient leur présence sur le Web

Nouveau site de la très corporate revue McKinsey Quarterly, de la société conseils éponyme (une de plus grosses concentrations de MBAs). Nouvelle approche, meilleure organisation du contenu.

La très sérieuse publication utilise même Facebook et Twitter pour rejoindre son public (que je croyais à tort composé de vieux croutons et de rats de bibliothèques).

En 2009, le Christian Science Monitor sera le premier quotidien national, aux États-Unis, à abandoner son édition papier pour poursuivre son évolution uniquement sur le web.

Objectifs de la stratégie dite « évolutive » du journal:

  • Producing a website that can be updated 24/7 and delivered instantaneously « better fulfills Mrs. Eddy’s original vision » for the Monitor to be daily than does a five-day-a-week paper delivered by mail with frequent delays.

  • Focusing resources on the fast-growing Web audience for news rather than on the economically troubled daily newspaper industry « increases the Monitor’s reach and impact. » The Monitor’s website currently attracts about 1.5 million visitors a month.

  • Eliminating the major production and distribution costs of a daily newspaper will allow the Monitor to « make progress toward achieving financial sustainability » while supporting its global news resources.

À suivre

Revenus publicitaires en ligne – Défis et opportunités

Défis en vue pour les sites qui tirent leurs revenus de la publicité et opportunités d’affaires pour les experts du Web (désignation générique pour un vaste ensemble de fournisseurs de services.)

Défis

  • Crise financière aux USA (effet de prudence reflété par la réduction des dépenses publicitaires prévues d’ici 2012). eMarketer – Is online safe from the meltdown?
  • Baisse du CPM (coût par mille pages vues) pour les publicités vendues par les réseaux publicitaires (0,60 $ /1.10 $). Cette baisse entraînera la réduction du CPM pour la publicité qui était la plus profitable (celle qui est vendue directement) et dont les tarifs sont à 10$/20$. Internet Advertising Bureau / Bain – Digital Pricing Research
  • Les changements technologiques, sociaux et économiques ont ébranlé l’industrie automobile. Au tour des médias d’y faire face, et les médias en ligne n’y échapperont pas. The media marketplace is transitioning from one in which demand has exceeded supply (even as supply has grown exponentially)… to a marketplace in which the availability of supply is outpacing demand. Media sellers and media agencies cannot simply sit out the coming recession as they have in the past, with an optimistic expectation that all will be okay on the other side. Jack Myers Media Economy Not as Bad as It Looks, But No Good News on the Horizon.

Les effets sont perceptibles

/…/Today, marketers sense that less than 30% of their advertising works, and they are increasingly intent on identifying and eliminating the wasteful 70%. Jack Myers, déjà cité.

Les dépenses publicitaires en ligne croissent du côté de la publicité contextuelle liée à la recherche (secteur sous la domination de Google) ces deux dernières années, alors que les dépenses en affichage conventionnel (via serveurs publicitaires ou en régie interne) devraient stagner. IAB / PriceWaterhouseCoopers – Internet Advertising Revenue Report Second Quarter 2008

Élaborer des stratégies publicitaires autour des communautés d’intérêts définies et des offres qui créent de la valeur pour les utilisateurs. Penser à des stratégies d’intégration verticales. C’est uniquement là que le CPM est susceptible d’augmenter (ou au moins, de ne pas tomber).

Opportunités

  • Valorisation ($$$) des communautés d’intérêts sur le web = recherche de stratégies de contenu et de concepts qui ciblent efficacement des communautés spécifiques.
  • Intérêt accru pour les stratégies de positionnement (référencement, optimisation de contenu) et les environnements de mesure (statistiques et analyse web).
  • Augmentation de la valeur de la publicité contextuelle = montée en puissance des outils d’indexation de contenu et de recherche.

Média web et contenu évolutif

Commentaire de  Steve Peterson du Bivings Group sur le traitement de l’information dans le dossier publié par le Business Week (Beyond Blogs).

Le magazine en ligne a utilisé la cybermétrie (web analytics) et les commentaires de blogues pour faire évoluer le contenu du dossier. Le premier élément devrait réjouir les évangélistes de la cybermétrie:

Using web analytics data to inspire an update to the article is brilliant for a couple of reasons.  First, updating the article will keep people who visit the site from the search engines, since they really cannot take a look at the publication date of the article and move on to other search results in hopes of finding something more current.

Second, this helps BusinessWeek assert itself as a great resource of updated information.  Of course, I doubt that the magazine updates every article, but at least we know that it pays some attention to traffic data.