Je le répète: il faut retomber en amour avec nos sites web. Nous devons réinvestir le domaine du langage sur ces espaces numériques privilégiés que sont nos sites web.
L’hypertexte en réseau
Le World Wide Web dont c’est aujourd’hui l’anniversaire, est cette application de l’Internet qui permet de relier des éléments d’information pour former un hypertexte. Nos site web sont des espaces numériques privilégiés parce des standards universels et libres nous offrent la possibilité de publier et partager des contenus, indépendamment des règles des plateformes commerciales et sociales. Sur nos sites web, nous détenons un contrôle stratégique: décider de la façon de documenter une chose et faire des liens qui la place dans un écosystème de connaissances.
De quelles machines est-il question ici? Il s’agit des moteurs de recherche qui indexent les pages web, ce qui exclut les plateformes pour lesquelles il faut ouvrir une session (Spotify, Netflix, les réseaux sociaux). À celles-ci, on peut ajouter le Web sémantique qui est une extension du Web permettant de relier des données. Ce sont des espaces numériques différents et qui font appel à des structures, règles et technologies spécifiques. Le Web des moteurs de recherche est celui des contenus accessibles, repérables et interopérables.
Wikidata permet de valider l’identification d’entités spécifiques et de fournir de l’information factuelle, comme une date de naissance. Cependant, c’est le contenu d’un site web qui contient le texte de la réponse à une question. Les moteurs de recherche analysent et évaluent, à présent, le texte des pages web afin d’en interpréter le sens avec certitude.
Rédiger pour des moteurs plus intelligents
L’information collectée sur les sites est mise en relation avec un système d’organisation de la connaissance qui permet de mieux interpréter une chose et d’enrichir la « compréhension » qu’a une machine de cette chose:
Interprétation: de quoi est-il question?
Classification: de quel type de chose s’agit-il?
Contexte: à quels autres types de choses/personnes est-ce relié?
Il faut lire l’article ci-dessous pour constater la rapidité du développement des systèmes d’analyse du langage (ce à quoi servent les graphes de connaissance). Cette évolution est en marche, que ce soit chez Google ou tout autre entreprise tirant profit de l’extraction de l’information.
It is clear that Google is moving rapidly toward a quasi-human understanding of the world and all its algorithms will increasingly rely on its understanding of entities and its confidence in its understanding.
Nous devons prioriser l’amélioration de nos sites web afin de nous rendre plus intelligibles, comme personne physique ou morale. Ceci permet de résister à une centralisation de l’information qui aplanit la diversité des expressions et des perspectives et de relier les acteurs de nos écosystèmes sans l’intervention d’algorithmes.
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Alors, quelle serait la valeur informationnelle de votre site selon votre moteur de recherche favori?
En culture comme en commerce, les initiatives de mise en commun de données numériques, constituent de nouveaux « milieux documentaires ». Au Québec, pourtant, les compétences et méthodes du domaine des sciences de l’information sont rarement sollicitées. Les institutions d’enseignement et les associations professionnelles concernées devraient pourtant reconnaître, dans ces projets, les notions et enjeux entourant les systèmes documentaires classiques.
Voici quelques lectures récentes illustrant des défis que pourraient relever les spécialistes intéressés par ces nouveaux milieux documentaires.
Cet article introduit certains défis actuels de l’élaboration d’un modèle de métadonnées qui permette de faire des liens entre les ressources de bases de données différentes.
Tout choix est subjectif; il n’y a donc pas de donnée neutre. Un modèle de classement ou de catégorisation peut être porteur d’exclusion, notamment de ce qui peut apparaître inclassable (personne non genrée, pratiques artistiques hybrides…) car il impose le choix d’un descriptif parmi un nombre limité d’options.
Que faire des œuvres qui n’ont pas été pensées et créées dans le cadre d’une pratique déjà bien étiquetée? Et surtout, comment documenter l’intention?
Ça devient un problème à partir du moment où des livres ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils devraient avoir parce qu’on les juge à partir de critères qui n’ont rien à voir avec leur projet littéraire. Clara Dupuis-Morency, autrice et enseignante en littérature.
Comment, alors, respecter la création, anticiper les biais et éviter que la perspective d’une culture dominante n’occulte celles d’autres cultures?
Un catalogage qui se satisferait de distinguer les textes de fiction des textes entretenant un rapport plus immédiat au réel serait donc inefficace. ibid.
Ce billet publié par l’équipe des produits numériques du New York Times met en lumière le travail d’indexation et de catalogage requis par le développement d’un algorithme de recommandation. Il souligne l’importance d’intégrer la pensée humaine aux processus automatisés de traitement documentaire.
Le nettoyage des données et l’amélioration de la qualité descriptive des métadonnées sont des opérations essentielles à l’exploitation d’une base de données. Elles le sont également dans le cas d’un programme d’apprentissage automatique ayant pour objectif l’entraînement ou le bon fonctionnement d’un algorithme de recommandation.
When we took a deeper look at a few of the incorrect labels, we could often understand why the model assigned the label, but saw that correcting the mistake requires human judgement. It takes knowledge of history and society, as well as the ability to recognize context to intuit that some articles are better suited for some interest categories than others. The NYT Open Team
(…)
Readers trust The Times to curate content that is relevant to them, and we take this trust seriously. This algorithm, like many other AI-based decision-making systems, should not make the final call without human oversight. ibid.
À lire avant de convertir une taxonomie (ou tout autre vocabulaire contrôlé) en ontologie. Il s’agit bien de référentiels ayant des rôles différents et la problématique réside principalement dans les caractéristiques spécifiques de ces différents modes d’organisation des connaissances. Par exemple: l’adaptation de la structure hiérarchique d’une taxonomie à la structure en graphe d’une ontologie de domaine.
The problem is that the definitions and rules for hierarchies vary depending on the kind of knowledge organization system, so you cannot assume that a hierarchy in one system converts to a hierarchy in another system.
(…)
“Hierarchy” can have various types and uses. Not all kinds of hierarchies are reflected in even in taxonomies, which tend to be quite flexible. The rules are stricter when it comes to thesauri. Finally, in ontologies, there is only one kind of hierarchy. Heather Hedden, taxonomiste, ontologiste, autrice et formatrice.
Le concept de « graphe de connaissance » (knowledge graph), a été popularisé par Google, bien que des structures de données en graphes existaient auparavant dans différents domaines. Ce type de structure est souvent perçu comme une solution qui permette d’imposer un modèle descriptif assurant la visibilité et/ou l’interopérabilité de ressources informationnelles.
L’adoption d’un modèle descriptif unique entraîne cependant une uniformisation des perspectives qui conduit à l’aplatissement des connaissances. C’est également la source de problèmes rarement anticipés. Par exemple: l’adoption d’un vocabulaire commun dans toute l’organisation va-t-elle «pérenniser» vos données ou entraîner des réunions sans fin pour débattre de ses mises à jour des vocabulaires et des ontologies sont discutées?
If we instead listen to the problems information workers have, spend a day shadowing them in their jobs, and design solutions that integrate knowledge-tech in a lightweight way to automate tedium, then we have a shot at solving a larger set of problems, to benefit more of society. Mike Tung, CEO Diffbot.
Au-delà du solutionnisme technologique, il faut explorer les bénéfices issus du développement d’une véritable culture de l’information au sein des organisations. Cela signifie que la gestion et la qualité de l’information sont des responsabilités devant être partagées dans une organisation et non plus limitées au service des technologies de l’information.
Découvrabilité hors du Web des moteurs de recherche
OCLC, un organisme sans but lucratif au service des bibliothèques, rend compte d’un projet pilote sur la transformation des métadonnées de collections en données liées. Il nous rappelle que la découvrabilité recherchée n’est pas celle qui se mesure à l’aulne des résultats de Google ou des cotes de popularité des plateformes de contenus.
Les bases de données en graphe – il faut le répéter – ne sont pas indexées par les moteurs de recherche. Il existe d’autres espaces numériques où l’accès à la culture pourrait fournir des expériences de recherche et découverte pertinentes et efficaces. Exemple: naviguer à travers des collections qui proposent des connexions que des bases de données classiques n’arrivent pas à révéler.
Representing what is locally unique yet making local information legible to outsiders and creating a mechanism where differences can be understood, bridged, and linked is an important part of what public libraries using newer descriptive systems can surface.
À l’image des initiatives de la BnF et d’Europeana, le projet d’OCLC a permis à des institutions de se familiariser avec des méthodes et outils du web sémantique :
The Linked Data project demonstrated the amount of work involved in the transition to linked data, but also that the tools exist and that the workflows can be developed.
Pour une vision systémique du numérique
Les initiatives et projets qui visent à structurer l’information pour le numérique constituent de nouveaux milieux documentaires, hors des lieux habituels que sont les bibliothèques, centres de documentation et fonds d’archives. Les professionnels des sciences de l’information sont formés pour relever les défis inhérents aux « espaces» numériques que sont les sites web, les plateformes commerciales, le Web des données et, même, les jeux de données ouvertes. Il serait temps que la rencontre entre tous ces acteurs se réalise. La réussite de nos initiatives en dépend.
L’angle mort de la promotion de l’offre culturelle dans un monde numérique est la faible valeur informative de nos sites web. Quand une œuvre est mieux documentée dans une brochure que sur le site de son auteur, il est clair que les sciences du langage et de l’information n’ont pas été prises en compte dans sa conception.
Or, ce ne sont plus les balises Schema.org insérées dans le code ni les articles de Wikipédia qui facilitent le travail des moteurs de recherche en les rendant intelligents. C’est, à présent, le traitement automatique du langage naturel. Celui-ci permet aux algorithmes d’évaluer l’information présente sur une page web et lisible par les humains.
Plus l’information offerte par le texte est riche et contextualisée par des liens vers d’autres pages web, plus elle a de valeur pour nous et, par conséquent, pour les moteurs de recherche dont l’objectif est de nous offrir les meilleurs résultats possibles.
Un travail de spécialistes
Après quelques années d’accompagnement d’entrepreneurs culturels, je peux affirmer que rares sont les non-initiés sachant manier avec aisance des notions et des mécanismes qui demeurent complexes, même pour des spécialistes du Web. Ce billet sur les définitions divergentes de ce qu’est une ontologie permet de mesurer le défi d’établir une compréhension commune et claire d’une notion pourtant fondamentale des systèmes documentaires. Et pour celles et ceux qui persévèrent, les concepts et pratiques nouvellement acquis sont trop éloignés de leurs activités pour qu’ils soient en mesure de les intégrer aux opérations et de se livrer à la veille technique qui s’impose en permanence.
Structurer de l’information pour une variété d’usages et de systèmes, c’est un travail de spécialistes. Le rôle de créateurs de contenu consiste à documenter cette information et à raconter comment elle s’insère dans notre monde. Ils peuvent se faire aider afin de produire l’information répondant le mieux aux intérêts des publics cibles et de fournir des liens nécessaires aux humains et aux machines pour apporter du contexte, favorisant ainsi la découverte.
Voici les étapes qu’il faudrait suivre afin d’améliorer la valeur informative de la page web consacrée à une offre culturelle:
1- Stratégie: quelle information, à quels publics, pour quels résultats
Mieux un contenu est documenté, plus il est susceptible de pouvoir réponse à une question. Il est donc important de baser la conception du contenu d’une page sur une solide connaissance des publics cibles. D’où la nécessité d’une stratégie et d’une concertation entre les producteurs, diffuseurs et toutes autres parties concernées. Toutefois, l’élaboration d’une stratégie de ce type requiert une formation préalable mobilisant divers spécialistes.
2- Documentation: les choses et les relations entre ces choses
L’adaptation de nos contenus culturels à l’environnement numérique commence par l’écriture. Tous les éditeurs de sites web doivent à présent mieux organiser et documenter leurs contenus pour les rendre plus repérables. Pour Google, « documenter » signifie: bien décrire un contenu et fournir du contexte en faisant des liens entre des concepts. Plus la documentation est exhaustive et clairement libellée, plus elle a de la valeur pour les utilisateurs — et plus la page web de l’offre culturelle devient une source d’information de qualité.
3- Balises: signaler certains types de contenus
Certains types de contenus — comme les vidéos, par exemple — peuvent apparaître sous forme d’extraits, dans la liste de résultats de Google (résultats enrichis). L’utilisation de balises permettant de catégoriser des contenus n’est donc pertinente que pour un petit nombre d’offres. Les modèles descriptifs recommandés sont ceux qui concernent les projets de développement des services du moteur de recherche. De plus, les consignes à suivre évoluent en fonction du résultat des expérimentations et de l’avancement du traitement automatique du langage.
Nous devons, alors, éviter de développer des fonctionnalités qui deviennent rapidement obsolètes ou, pire, qui réduisent notre capacité d’innovation en l’encadrant dans la logique d’affaires d’une plateforme. Il faut donc que nous demeurions extrêmement vigilants afin que nos projets nous apportent une réelle valeur et ne tombent pas dans le solutionnisme technologique.
4- Wikipédia: création d’article utile, mais non essentielle
Wikipédia facilite l’identification d’un concept ou objet spécifique, mais ce sont les pages web qui sont les sources primaires pour Google. Contrairement à la croyance courante, la production d’une fiche de réponse (appelée « knowledge panel ») résulte du traitement du contenu provenant de différentes pages web. Celles-ci sont qualifiées par le moteur de recherche pour l’information qu’elles offrent. En analysant certains brevets déposés par Google, on peut déduire que son utilisation de l’encyclopédie n’est ni constante, ni déterminante. Créer un article Wikipédia n’est donc pas une activité essentielle dans un plan de découvrabilité, même si cela peut accroître la notoriété d’un sujet lorsqu’il contient des connaissances utiles et des liens vers d’autres articles.
L’écriture: une « solution » à la portée de tous!
Adapter nos contenus culturels à l’environnement numérique commence donc par une technique millénaire: l’écriture. Nous pourrions beaucoup mieux documenter nos offres culturelles sur nos sites web sans nécessairement plonger dans des domaines de connaissance complexes. Il suffit d’apprendre à décrire des choses et les relations entre ces choses pour des systèmes qui, eux-même, apprennent à lire afin de fournir la meilleure information à leurs utilisateurs. Bref, avant de se lancer dans la modélisation de données ou le web sémantique, il serait temps de revenir aux stratégies de communication, ainsi qu’aux bonnes pratiques de rédaction web.
Cependant, dans le schéma des 12 leviers à activer pour une meilleure découvrabilité des contenus culturels francophones (voir plus haut), il manque à mon avis deux éléments essentiels:
Est-ce aux acteurs culturels que revient la charge de rendre l’information concernant leurs créations ou leurs offres numériquement opérationnelle?
Quel espace numérique offre les meilleures conditions de repérabilité, d’accessibilité et d’interopérabilité de l’information ?
Premier levier: mises à niveau des métiers du Web
Il est important de sensibiliser les acteurs culturels à l’adoption de pratiques documentaires telles que l’indexation de ressources en ligne. Ceci dit, la mise en application des principes, ainsi que le choix de modèles de représentation de contenus en ligne, sont des compétences qui ne s’acquièrent pas comme on apprend à se servir d’un logiciel. On ne peut pas attendre de toute personne et organisation du secteur culturel de tels efforts d’apprentissage. D’autant plus que la production de l’information pour le numérique fait appel à des méthodes et savoirs relevant des domaines du langage et de la représentation des connaissances autant que des technologies numériques.
Si les données structurées sont perçues comme des solutions pouvant accroître la visibilité d’offres culturelles sur nos écrans, elles appartiennent à des domaines de pratiques pas suffisamment maîtrisés au sein des métiers du Web. C’est pourtant bien vers des spécialistes en développement, intégration, référencement et optimisation que se tournent les acteurs culturels cherchant à rendre le contenu de leurs sites web plus interprétable par des machines. Or, à ma connaissance, il n’existe actuellement pas de formation et de plan de travail tenant compte de l’interdépendance des volets sémantiques, technologiques et stratégiques du web des données.
Exemple: dans la foulée d’une étape importante de ses capacités d’interprétation (traitement automatique du langage), Google a mis à jour, cet été, ses directives d’évaluation de la qualité de l’information. Il va sans dire que c’est important.
Deuxième levier: modernisation des sites web
Dans le Web des moteurs de recherche intelligents, la reconnaissance des entités passe par l’indexation de pages web et l’analyse des contenus. Les sites web devraient donc être des sources d’information de première qualité, tant pour les internautes que pour les moteurs de recherche.
Est-il normal de ne pas trouver toute l’information, riche et détaillée, sur le site de référence d’une entreprise culturelle? Pour le bénéfice des projets numériques, il est vital de concevoir des contenus pertinents pour les machines, lesquelles évaluent à présent la qualité des sources d’information afin de générer la meilleure réponse à retourner à l’utilisateur.
Pour une productrice ou un artiste, il est beaucoup plus stratégique de faire de son site web une source primaire, en attribuant une page spécifique à la description de chaque œuvre, que de créer un article sur Wikipédia. Rappelons que Wikipédia n’est pas une source primaire pour les moteurs de recherche. De plus, l’usage du vocabulaire (Schema.org) ne leur fournit qu’un signal faible sur la nature d’une offre.
Un savoir commun, entre information et informatique
L’adaptation des contenus culturels à l’environnement numérique repose, avant tout, sur de meilleurs sites web. Ces espaces offrent les conditions optimales d’autonomie, repérabilité, accessibilité et interopérabilité. Leur modernisation requiert des acteurs clés, que sont les spécialistes du Web, une mise à niveau rapide de leurs connaissances et de leurs pratiques.
Finalement, afin d’opérer cette mise à niveau et de développer ces savoirs communs, il faut bien entendu insister sur l’interdisciplinarité entre les métiers du web et, notamment, le domaine des sciences de l’information.
Il faut encore le répéter: produire des métadonnées n’est pas une stratégie et se contenter d’intégrer des balises Schema.org dans une page web ne garantit pas nécessairement la découvrabilité d’une offre. À l’inverse, par contre, une bonne stratégie permet de choisir les bons outils et les bonnes métadonnées.
Retour sur des notes prises en lisant des propositions de projets numériques.
À la recherche de la stratégie perdue
L’absence de réflexion stratégique est le talon d’Achille de la plupart des propositions de projets et de plans de découvrabilité. Pourtant, qu’il s’agisse de baliser des types de contenu à l’intention des moteurs de recherche ou de décrire des ressources dans un catalogue en ligne, la production de métadonnées utiles s’appuie sur la connaissance des publics cibles et des résultats recherchés.
La meilleure façon d’évaluer le résultat des efforts déployés pour qu’une offre ou un contenu rejoigne ses publics est de fixer des objectifs mesurables et réalistes. Et pour cela, il faut avoir élaboré une stratégie basée sur la connaissance du marché, des opportunités et des contraintes propres à l’organisation.
Les connexions entre votre offre et ses publics cibles
Les algorithmes des plateformes évoluent vers une personnalisation accrue des réponses qu’elles proposent en s’appuyant sur les profils de leurs utilisateurs. Nos sites web devraient faire de même en fournissant des éléments d’information qui « parlent » aux publics cibles et qui, conséquemment, facilitent le travail des moteurs de recherche.
Petit rappel: nous découvrons de l’information sur l’interface d’un moteur de recherche, mais c’est celui-ci qui la trouve. Et cela, en fonction d’un traitement algorithmique fondé sur :
la popularité (ou l’autorité) des contenus;
leur similarité avec le profil et l’historique de navigation de l’utilisateur.
Avant de tout miser sur des métadonnées
Voici quelques éléments clés sur lesquels réfléchir avant de déterminer les activités à réaliser dans le cadre d’un plan de découvrabilité:
Peu importe les activités évoquées par le terme, la découvrabilité n’est mesurable qu’à l’aide des objectifs déterminés par la stratégie. Pas de stratégie: pas d’objectifs donc pas d’évaluation des résultats. Et cela s’applique autant à une stratégie de promotion qu’à des initiatives de mutualisation de données et de modélisation de connaissances pour le web sémantique.
Les moteurs de recherche ne sont que l’un des vecteurs de la découverte. Celle-ci n’advient pas que par l’entremise de machines car la recommandation est encore largement sociale — réseaux sociaux, réseaux professionnels et académiques, bibliothécaires, libraires, médias et publications spécialisées. Les métadonnées ne sont que l’un des moyens à mettre en œuvre, au même titre qu’une page Facebook ou une chaîne YouTube, au service d’une stratégie.
Se contenter d’intégrer des balises ne permet pas aux moteurs de recherche de fournir aux utilisateurs les réponses correspondant le plus à leurs profils ni de différencier une offre au sein d’une même catégorie, comme des événements, par exemple.
Les deux cotés d’une même page :
Métadonnées dans le code HTML: les modèles Schema.org permettent aux moteurs de recherche de catégoriser des types de contenu.
Données dans le contenu d’une page web: certains éléments d’information repérables, tels que des entités nommées et des mots clés, facilitent la contextualisation et la personnalisation des résultats de recherche.
Il faut se tenir bien informé de l’évolution du moteur de recherche et de ses consignes d’utilisation avant d’indexer des offres avec Schema.org. Les objectifs de Google varient dans le temps, selon les types de contenu et selon les ententes qu’il conclut avec certaines grandes sources de données, comme par exemple, des plateformes musicales.
Un site web qui fournit de l’information structurée pour des machines et qui contribue à un écosystème de liens utiles pour des humains est un excellent investissement stratégique.
Tous les acteurs de l’écosystème numérique d’une offre culturelle contribuent au rayonnement de celle-ci par l’information offerte sur leurs sites web . Ceux-ci participent également au déploiement d’un réseau d’hyperliens fournissant des données contextuelles aux moteurs de recherche et des parcours de découverte aux humains.
Un bon plan de découvrabilité résulte d’une connaissance des publics cibles et de l’utilisation réfléchie et coordonnée de différents outils: référencement, modèles Schema.org, contributions à Wikipédia et Wikidata, publications sur des réseaux sociaux, campagnes de promotion et publicité.
Il n’existe pas de recette gagnante: une stratégie de visibilité et de rayonnement est spécifique à chaque projet. Le succès d’un plan découvrabilité dépend de choix qui sont alignés sur cette stratégie afin de publier la bonne information, dans le bon format, au bon endroit et pour le bon public.
Depuis peu, en culture, on retrouve un volet « découvrabilité » dans la plupart des appels à projets. S’agit-il d’une application technologique, de techniques de référencement ou d’une campagne de promotion numérique? L’absence d’explications concrètes et de description des compétences requises met les demandeurs (ainsi que les bailleurs de fonds!) dans une situation où ils ne disposent pas des guides nécessaires pour savoir ce qu’il faut faire, ni quels résultats escompter.
Un projet dans un projet
Assurer la repérabilité d’une nouvelle création ou d’une nouvelle offre est un projet à part entière, avec ses ressources, ses objectifs et ses réalisations. Il ne s’agit pas de mettre en commun ce que chacun aura produit de son côté, mais de produire des contributions s’alimentant les unes des autres. C’est pourquoi, dans nos velléités de transformation numérique, le travail en silo est un frein à la réussite de nos projets.
Les mots qui font des connexions
C’est l’information fournie à propos des choses qui est repérable — pas les choses en elles-mêmes. Cette distinction est extrêmement importante puisque c’est le choix des éléments descriptifs qui retient l’attention d’audiences cibles et qui permet aux moteurs de recherche de connecter des offres à des intentions et des profils d’utilisateurs.
Sous le couvert nébuleux de la découvrabilité, il existe en réalité des pratiques et des standards permettant de structurer l’information pour le Web afin d’en assurer la repérabilité, l’accessibilité et l’interopérabilité.
Si votre objectif est de faire découvrir votre offre culturelle en vous servant, entre autres, des moteurs de recherche pour générer des visites, des visionnements ou des achats, le web sémantique ne vous sera d’aucune utilité!
Google n’exploite que le langage de balisage Schema.org…
Pour un plan de découvrabilité plus efficace
Voici les éléments de réflexion qui apporteront plus d’efficacité à votre plan de découvrabilité. La grande lacune de la plupart des plans de découvrabilité est l’absence ou la faiblesse de la stratégie — comment pousser les bons contenus aux bons publics, sur les bons canaux, pour atteindre des objectifs mesurables. Or, ce travail est essentiel à plusieurs titres:
1 – Connaître les publics et fixer des objectifs
À quels besoins et à quels publics votre offre est-elle susceptible de répondre? Les objectifs à atteindre doivent être déterminés en fonction des intérêts et comportements de ces publics cibles ainsi que de leurs possibles relations à l’offre.
2 – Différencier votre offre
Le vocabulaire Schema.org permet de fournir une description détaillée d’une offre culturelle. Google n’en utilise cependant que certains éléments. Baliser une offre de spectacle n’est pas suffisant pour permettre à celle-ci de se différencier de milliers d’autres offres. La connaissance des publics fournit les éléments d’information et le vocabulaire pouvant aider les moteurs de recherche à faire des connexions entre les intentions et profils des utilisateurs et les offres disponibles.
3 – Faire travailler des spécialistes ensemble
Les balises et le référencement par mots clés sont des outils complémentaires s’appuyant sur la stratégie de promotion. Accroître la découverte commence par la présentation de l’offre sur le site web . Ceci a pour but de faciliter le travail des moteurs de recherche et d’améliorer l’expérience de l’utilisateur avec leur interfaces.
4 – Relier les acteurs de l’écosystème
Si un site web est absolument essentiel et stratégique, d’autres présences numériques contribuent au rayonnement d’une offre. Une bonne stratégie met donc à contribution les acteurs de l’écosystème en identifiant des points d’entrée (réseau social, vidéo, site partenaire, etc.) et en multipliant ainsi les parcours de découverte.
5 – Ne pas compter uniquement sur Google
En se contentant de produire des métadonnées sous forme de balises Schema.org, on se conforme aux modèles et directives qui répondent avant tout aux objectifs d’affaires d’un géant du numérique. Bien que le balisage d’offres pour les moteurs de recherche fasse partie des bonnes pratiques web, Google ne garantit aucun résultat (longue lecture, mais excellent billet).
Attention: les métadonnées ne sont pas toujours utiles. Si vous souhaitez améliorer la valeur de votre site pour Google, corrigez les lacunes de conception et améliorez la valeur du contenu rédactionnel.
6 – Mesurer l’atteinte des objectifs
Finalement, la découverte d’offres culturelles sur un moteur de recherche est difficilement mesurable. Elle dépend de plusieurs facteurs extrêmement variables, comme le profil, l’intention présumée par l’algorithme et les usages antérieurs de chaque utilisateur. Ce sont donc les objectifs et indicateurs de mesure ayant été déterminés dans le plan stratégique qui permettront d’évaluer la réussite de celui-ci.
Utiliser des métadonnées sans tomber dans le solutionnisme
Ce ne sont pas les métadonnées qui produisent des résultats, mais les moyens déterminés par la stratégie. Il faut donc proposer des initiatives plus marquantes pour la diffusion et l’appréciation de nos offres culturelles. Par exemple, renouveler l’expérience de recherche sur un site en présentant l’information sous forme de fiches, de façon similaire à Google, mais selon d’autres règles que la popularité et la similarité.
Il n’existe pas de recette. Chaque projet étant unique, il doit se différencier pour se démarquer, et ce grâce au choix des canaux, plateformes, mots, images et liens adressés aux bons publics.
Surtout, il ne faut pas se contenter d’appliquer les consignes de Google. On doit également chercher à comprendre l’interaction complexe des systèmes et identifier les éléments stratégiques que nous pouvons contrôler.
Enfin, nous ne pouvons pas encourager le milieu culturel à se conformer à un système dont nous ne comprenons pas le fonctionnement et dénoncer, dans le même temps, la domination et l’opacité des GAFAM. Cette contradiction en dit long sur les connaissances qu’il nous reste à acquérir…
Je mentionnais dans un précédent billet sur le rayonnement des offres culturelles que « des images qui parlent et font du lien » facilitent le travail des moteurs de recherche.
Les images sont des éléments d’information et des données. Elles améliorent le repérage d’entités (personnes, organisations, œuvres, lieux, événements) dans des pages web. Elles contribuent au développement de nouveaux parcours de découverte. À titre d’exemple, nous pouvons mentionner le moteur de recherche Google Images (créé en juillet 2001) et Wikimedia Commons où sont déposées un nombre grandissant d’images, dont celles de galeries d’art, pour en favoriser la réutilisation.
Voici deux annonces récentes qui devraient sensibiliser les éditeurs de sites web et professionnels du numérique à l’importance de documenter les images et/ou d’adopter de meilleurs pratiques.
IIIF (International Image Interoperability Framework)
D’abord, le mois dernier, IIIF annonçait que l’annotation des images s’étend désormais aux images des contenus audio et images en mouvement (vidéo, film). De plus, lIIF rend son modèle compatible avec l’écosystème des données liées en passant du modèle Open Annotation aux standards du Web (W3C Web Annotations) et en facilitant l’usage du langage JSON-LD pour exprimer les données. IIIF est un format de transmission de données: il ne permet pas de gérer des collections.
A critical element of this release is the ability to move beyond static digital images to present and annotate audio and moving images. This is done by adding duration to the existing IIIF canvas model, which also features x and y coordinates as means of selecting and annotating regions. Now, images and video can be juxtaposed using open source software viewers — allowing the public to view time-based media in open source media players, and allowing researchers to use open assets to create new tools and works including critical editions, annotated oral histories, musical works with thematic markup, and more.
Cette semaine, Google dévoilait une nouvelle fonctionnalité qui permet de spécifier les informations relatives à la licence d’utilisation d’une image: licence payante, Creative Commons. Cette fonctionnalité permet d’utiliser le langage de balisage Schema.org (appelé « données structurées » par la plateforme) ou les métadonnées IPTC qui sont incrustées dans les fichiers des photos numériques.
L’un des moyens permettant d’indiquer à Google qu’une image peut être concédée sous licence consiste à ajouter des champs de données structurées. Ces données structurées représentent un format normalisé permettant de fournir des informations sur une page et de classer son contenu.
Ce billet s’inscrit dans la ligne du précédent, qui appelait à remplacer le terme fourre-tout de découvrabilité par les objectifs, beaucoup plus concrets, de repérabilité, accessibilité et interopérabilité.
Nos sites web sont des ensembles d’informations structurées pouvant être repérées, consultées, utilisées et interconnectées sur la grande plateforme ouverte qu’est le Web. C’est pour cette raison que les nôtres sont au cœur de la découverte de contenus et d’offres diverses. Nous devrions consacrer prioritairement nos efforts à les moderniser. Parce qu’aujourd’hui, tout part de là.
Objectif: aider les moteurs à repérer et lier des entités
Les moteurs de recherche indexent le contenu des pages web. Grâce au développement de bases de connaissances structurées (Knowledge Graph), ceux-ci peuvent repérer dans chaque page des choses ayant une signification spécifique, comme des personnes, des lieux, des événements ou des œuvres. Ces choses sont appelées « entités nommées ». Les entités nommées qui sont repérées sont catégorisées et associées selon le modèle d’organisation propre à chacune des bases de connaissances des moteurs de recherche.
Nos sites web, lorsqu’ils sont bien conçus, alimentent ces bases de connaissances. C’est pour cette raison qu’il faut prioriser l’amélioration de la repérabilité des contenus sur nos sites avant de verser des données dans Wikidata. Cette base de connaissances, tout comme d’autres, sert à réduire l’ambiguïté entre des entités (homonymes) et à valider les liens entre elles. Elle ne remplace cependant pas les sources d’information interconnectées, classifiées et référencées que sont les sites web.
Stratégie: quoi, pour qui, avec quels objectifs?
L’amélioration des conditions de repérabilité de l’information ne produit pas de résultat immédiat, contrairement aux tactiques de référencement organique de pages. Elle s’inscrit dans la durée et doit s’appuyer sur des notions précises plutôt que sur des mythes.
La réflexion stratégique permet de déterminer les objectifs à atteindre, les questions auxquelles les données doivent répondre, les publics cibles et les caractéristiques des offres à mettre de l’avant. Les objectifs vérifiables et mesurables de la « découvrabilité » sont les indicateurs de succès qui ont été déterminés en amont dans la stratégie numérique.
Responsabilités: qui fait quoi?
Comme je l’ai déjà mentionné dans un autre billet, nous ne devons plus concevoir des sites web comme des documents, mais comme des plateformes de données. Il faut nous affranchir d’un modèle de conception hérité du document imprimé afin de concevoir le site en commençant par les modèles de données plutôt que par les modèles de pages. Viennent ensuite la définition des structures représentant le ou les domaine de connaissance, puis la représentation des types d’entités sous forme de nœuds et de liens pour former, finalement, des graphes. Tout ceci nous oblige à revoir la méthodologie de conception de sites et à faire appel à des compétences qui sont rarement sollicitées pour des projets web.
Il ne s’agit pas uniquement de savoir comment intégrer ce processus dans les activités d’un projet, mais aussi de savoir ce qui doit être fait à l’interne et ce qui doit, par contre, être confié à des spécialistes.
Il n’existe pas de recette toute faite, ni d’application, pour améliorer ainsi l’organisation de l’information. L’élaboration d’un modèle de données représentant différentes entités et les relations qui les définissent est un travail de spécialiste. De plus, la spécificité des offres, objectifs stratégiques, publics cibles et environnements technologiques soulèvent des questions auxquelles une présentation de 3 heures ne permet pas de fournir de réponses solides.
Trois étapes essentielles pour rendre l’information plus repérable et découvrable
J’utilise des outils simples pour accompagner des équipes dans leurs démarches d’amélioration de sites web et de description de contenus avec des données structurées. Cependant, les projets n’avanceraient pas si ces équipes étaient livrées à elles-même, sans ressources pour répondre aux nombreuses questions que la démarche permet de soulever.
Comment améliorer la découvrabilité de contenus culturels sur un site web? Les principes d’organisation et de rédaction des sujets des pages d’un site contribuent à la visibilité des contenus dans les résultats des moteurs recherche. Voici trois étapes essentielles d’une méthode conception web pour une information plus repérable et découvrable:
Vous pouvez évaluer en quelques points si la structure et le contenu des pages de votre site fournissent aux éléments d’information (entités nommées, métadonnées, mots clés) les meilleures conditions d’exploitation, pour des visiteurs et pour des moteurs de recherche.
Arborescence (accès aux offres et contenus).
Nomenclature (alignement de la taxonomie sur les publics cibles).
URL unique et lisible pour chaque offre et contenu.
Images (nomenclature de fichier, texte alternatif, résolutions).
Information à valeur ajoutée (liens vers d’autres sources d’information complémentaire).
2. Faire « du lien »
Comment évaluer le potentiel de rayonnement de vos contenus dans le numérique?
En cartographiant l’écosystème composé de points et de liens qui jouent un rôle central dans leur visibilité et découverte.
En identifiant les points (site web, réseaux sociaux, sites de partenaires) permettant d’établir des connexions pertinentes vers vos offres.
Vous reporterez ensuite, dans une grille, les points ainsi identifiés, puis dresser l’inventaire détaillé de l’information diffusée, de la fréquence des publications, des rôles et responsabilités de chacun. Vous serez alors en mesure de:
Déterminer les points permettant de rejoindre différents publics (en d’autres termes, associer les bons canaux et contenus aux bons publics).
Identifier les liens à créer ou à solidifier ainsi que les partenariats à développer.
3. Décrire les entités
Cette grille permettra d’identifier les métadonnées qui rendent vos offres et contenus uniques et plus faciles à trouver. Vous pouvez à la fois:
Trouver les mots pour différencier votre offre auprès de vos publics cibles.
Fournir des métadonnées permettant aux moteurs de recherche de fournir des réponses personnalisées.
Ces activités devraient être réalisées en groupe, au sein d’une organisation ou, lorsqu’il s’agit d’une initiative collective, avec les représentants de différentes organisations.
Traditionnellement, des réponses sont retrouvées à partir d’une collection de documents ou d’un graphe de connaissances. («Traditionally, answers have been retrieved from a collection of documents or a knowledge graph», Google AI Blog)
Traditionnellement ?
Cet adverbe est ici associé à «graphe de connaissances»: une technologie et des pratiques documentaires que nous ne maîtrisons pas.
Cette association, signale l’ampleur de l’écart entre notre conception des systèmes d’information, qui a peu évolué depuis l’invention des bases de données (pré Web), et le développement de graphes de données interconnectables (entité-relation) permettant, depuis plusieurs années déjà, de raisonner sur des connaissances.
Découvrabilité
Je préfère ne plus employer le terme « découvrabilité » car il porte l’illusion de pouvoir pousser des contenus sur les écrans des utilisateurs, comme à l’époque d’avant Internet. Cet espoir, qui façonne la plupart de nos projets connectés, est probablement la source de leur plus grande faiblesse.
Afin de faire évoluer nos usages du Web, il faut que nos initiatives numériques aient d’autres objectifs, plus concrets et vérifiables, que la découvrabilité. Ce mot trahit notre incapacité à faire évoluer notre compréhension du Web face à des entreprises qui se sont constituées en misant sur ses possibilités ultimes.
S’agit-il d’une caractéristique de l’information ou d’une activité de promotion? « Découvrabilité » est un néologisme dont nous n’arrivons pas à rapporter le sens à un savoir commun. Et pour cause: chaque spécialiste ou consultant l’adapte à ses compétences et à sa capacité d’intervention. L’absence de définition commune et précise ne facilite donc pas la convergence des initiatives numériques.
Je crois que nous aurions intérêt à remplacer ce concept flou par trois objectifs concrets pour lesquels il existe des connaissances formalisées et des outils pratiques: repérabilité, accessibilité et interopérabilité.
Repérabilité
Information documentée de façon à pouvoir être identifiée et localisée le plus aisément possible (architecture du site web, taxonomie, métadonnées). Synonyme: trouvabilité.
Accessibilité
L’information se trouve dans le Web et est accessible tant aux humains (contenu ouvert) qu’aux machines et algorithmes (indexation par les moteurs de recherche). L’accessibilité du web, qui vise initialement à permettre aux personnes handicapées d’accéder aux contenus et services web, est l’une des composantes de l’accessibilité numérique.
Interopérabilité
L’information est exprimée selon les standards universels, libres et ouverts d’accessibilité et de lisibilité pour les humains et les machines (protocole de communication HTTP, adressage URL, langage HTML). Voir ses enjeux, principes et typologies présentés dans Wikipedia.
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Le Web est la seule plateforme permettant de publier de l’information de façon repérable, accessible et interopérable par qui ou quoi que ce soit. C’est pour cette raison que l’amélioration de la découverte d’offres et de contenus, dans un monde numérique, dépend de la structure de l’information publiée sur les sites web.
Dans le prochain billet, nous verrons pourquoi il faut revoir la façon dont nous concevons nos sites web et ce que tous devraient savoir pour adopter de nouvelles bonnes pratiques.
Pourquoi l’évolution de nos sites web s’est-elle arrêtée au document numérique alors que chez des entreprises, comme Amazon ou Spotify, elle se concrétise par le déploiement de plateformes de données?
Les interactions que nous pouvions organiser sur nos domaines se sont atrophiées car nous avons laissé aux algorithmes le soin de faire des liens de proximité, de sens, de popularité ou autres. Ces liens qui favorisent la découverte et le rayonnement, nous ne les contrôlons pas.
Décloisonner les parcours de formation
Est-ce faute de ne pas avoir adapté, en les décloisonnant, des formations comme l’informatique, la communication et les sciences de l’information à la complexité de nouvelles pratiques? Dans le Web, les logiques technologiques, informationnelles et industrielles s’entrecroisent à présent pour former un nouveau champ de connaissances pour lequel il n’existe pas encore de savoir commun.
Entrer dans le domaine du langage
Ou, encore, est-ce faute de n’avoir pas réalisé que la donnée relève beaucoup plus du langage et de la pensée que du calcul et de la technologie?
Les concepts et particularités propres aux différents domaines de l’activité humaine ne sont pas aisément traduisibles dans la pensée mathématique des machines. L’information n’est plus uniquement un enjeu d’ingénierie, une chose à stocker, à transformer et à faire circuler. Dans le Web, elle relève du domaine du langage, décrivant des choses et des relations entre ces choses. Cette perspective, pourtant essentielle à l’ère de l’intelligence artificielle, est pratiquement absente des méthodes courantes de conception.
S’affranchir du document
Ou, tout simplement, est-ce parce que des solutions d’utilisation facile et très souvent gratuites nous ont été offertes? Avons-nous finalement laissé à d’autres les défis de l’évolution du Web et de nos architectures de connaissances? Cette évolution était pourtant prévisible dès 2009, la nouvelle méthode de conception de sites proposée cette anné-là par la BBC dans un billet de blogue en faisant foi.
Ne plus troquer l’acquisition d’expertise pour la facilité
Je crois bien que nous avons graduellement délégué à des entreprises, par algorithmes interposés, le choix des mots et des liens définissant qui nous sommes et la régulation des flux d’information dans un espace qui n’est pourtant qu’un sous-ensemble du Web. Nous avons renoncé au contrôle sur la découverte et la recommandation dont nous disposions grâce à nos blogues, nos répertoires et même, nos collections de fils RSS — j’utilise encore la mienne!
Alors que nous concevons encore un site web comme un ensemble de documents, les acteurs de la nouvelle économie prospèrent grâce à des sites web conçus comme des plateformes de données. Ces plateformes permettent d’aller beaucoup plus loin que la publication d’information. Par exemple:
Trouver, réutiliser et partager des contenus par les utilisateurs et à l’interne;
Définir les rôles, responsabilités et règles de gouvernance relatifs à chaque ensemble de données.
Faciliter l’accès, de façon transversale, aux connaissances nécessaires pour la recherche de solutions et l’innovation.
Et, surtout, relier les métadonnées descriptives des ressources aux données d’usage résultant de l’interaction des utilisateurs avec les contenus.
Réapprendre à faire du Web
Avant de tenter de mesurer le rayonnement de contenus culturels sur les plateformes, il faudrait se demander si nous en maîtrisons les conditions, sur nos sites web et au sein de nos écosystèmes numériques.
Nous avons choisi la gratuité et la facilité des plateformes qui sont la propriété d’entreprises sachant, mieux que nous, exploiter l’information tirée des interactions avec nos contenus. Le contexte actuel de la pandémie semble avoir accentué notre dépendance envers ces services qui entretiennent notre espoir de retrouver nos publics et nos clients.
Nos sites web nous offrent pourtant toujours la possibilité de développer et d’afficher nos écosystèmes de liens et de nommer les choses qui nous rassemblent. Afin de ne pas les laisser s’atrophier, nous devrions nous en servir pour mieux représenter nos domaines d’activité, nos contenus, ainsi que nos réseaux.