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Faire parler les images: repérabilité et interopérabilité des métadonnées

Indexation participative d'une photographie.
Indexation participative d’une photographie. Photogestion [CC BY-SA 4.0], Wikimedia Commons
Je mentionnais dans un précédent billet sur le rayonnement des offres  culturelles  que « des images qui parlent et font du lien » facilitent le travail des moteurs de recherche.

Les images sont des éléments d’information et des données. Elles améliorent le repérage d’entités (personnes, organisations, œuvres, lieux, événements) dans des pages web. Elles contribuent au développement de nouveaux parcours de découverte. À titre d’exemple, nous pouvons mentionner le moteur de recherche Google Images (créé en juillet 2001) et Wikimedia Commons où sont déposées un nombre grandissant d’images, dont celles de galeries d’art, pour en favoriser la réutilisation.

Voici deux annonces récentes qui devraient sensibiliser les éditeurs de sites web et professionnels du numérique à l’importance de documenter les images et/ou d’adopter de meilleurs pratiques.

IIIF (International Image Interoperability Framework)

D’abord, le mois dernier, IIIF annonçait que l’annotation des images s’étend désormais aux images des contenus audio et images en mouvement (vidéo, film). De plus, lIIF rend son modèle compatible avec l’écosystème des données liées en passant du modèle Open Annotation aux standards du Web (W3C Web Annotations) et en facilitant l’usage du langage JSON-LD pour exprimer les données. IIIF est un format de transmission de données: il ne permet pas de gérer des collections.

A critical element of this release is the ability to move beyond static digital images to present and annotate audio and moving images. This is done by adding duration to the existing IIIF canvas model, which also features x and y coordinates as means of selecting and annotating regions. Now, images and video can be juxtaposed using open source software viewers — allowing the public to view time-based media in open source media players, and allowing researchers to use open assets to create new tools and works including critical editions, annotated oral histories, musical works with thematic markup, and more.

IIIF Announces Final Release of 3.0 Specifications

Google Images

Cette semaine, Google dévoilait une nouvelle fonctionnalité qui permet de spécifier les informations relatives à la licence d’utilisation d’une image: licence payante, Creative Commons. Cette fonctionnalité permet d’utiliser le langage de balisage Schema.org (appelé “données structurées” par la plateforme) ou les métadonnées IPTC qui sont incrustées dans les fichiers des photos numériques.

L’un des moyens permettant d’indiquer à Google qu’une image peut être concédée sous licence consiste à ajouter des champs de données structurées. Ces données structurées représentent un format normalisé permettant de fournir des informations sur une page et de classer son contenu.

Licence d’image dans Google Images (BÊTA)

 

Libérer le potentiel de nos données culturelles ou laisser d’autres en tirer profit

Silos riachuelo

Tu peux produire de l’excellent contenu, mais s’il ne fait pas partie du web, il ne fait pas partie du discours universel.

Tim Berners-Lee, en entrevue avec Jean-François Coderre pour La Presse.

C’est une affirmation que de nombreux états, institutions et entreprises tiennent désormais pour une réalité. Une réalité que plusieurs expérimentent depuis quelques années déjà et qui s’impose encore davantage à ceux qui observent les transformations qui sont à l’œuvre  dans le web , notamment du côté des moteurs de recherche.

Alors, ne devrions-nous pas élaborer une approche stratégique afin de regrouper et de structurer notre offre culturelle plutôt que d’encourager la production de silos d’informations qui sont difficilement exploitables ?

Comment tirer notre épingle du jeu numérique ?

Il faut nous attaquer à la dispersion de l’offre culturelle, d’une part, et d’autre part, à l’absence de vision transverse sur les données. Autrement, incapables de développer nos propres modèles d’exploitation numériques, nous risquons d’être confinés aux rôles de fournisseurs et de clients de plateformes beaucoup plus attractives et efficaces que nos sites web.

Principal défi: sauf dans des domaines, comme les bibliothèques et  les archives, les organisations ont, en général, peu d’intérêt ou de ressources à investir pour la production de métadonnées standards. Cela pourrait cependant changer.

Données structurées pour moteurs de recherche en quête de sens

Les moteurs de recherche privilégient de façon croissante les contenus web dont la description leur est fournie par des données structurées (appelées quelquefois,métadonnées embarquées). Schema est le modèle de métadonnées soutenu par les grands acteurs du numérique, tels que Google, Microsoft et Apple afin d’alimenter les algorithmes qui fournissent de l’information plutôt que des listes de résultats. Google offre même aux développeurs des modèles descriptifs pour des types de contenus dont la liste s’allonge progressivement.

L’utilisation de la base de connaissance Knowledge Graph, d’un modèle de métadonnées qui est dérivé de la syntaxe du web sémantique (RDF ou Resource Description Framework) et d’un  format d’encodage de données liées (JSON-LD ou Java Script Object Notation for Linked Data) témoigne de la préférence de Google pour le web des données et les liens permettant de générer du sens.

Avec Schema, qui facilite l’intégration des données dans des pages HTML (il existe également des extensions spécialisées pour WordPress), les robot indexeurs et les algorithmes des moteurs de recherche deviennent donc beaucoup plus performants. Il n’est déjà plus nécessaire de quitter leur interface pour trouver une information ou découvrir, par exemple, de nouveaux groupes musicaux.

La production de données structurées est une technique qui deviendra rapidement aussi essentielle que l’optimisation de pages web. Mais une technique, aussi efficace soit-elle, n’est qu’un moyen et ne peut remplacer une stratégie.

Regrouper et structurer notre offre culturelle

Les données doivent pouvoir être extraites des silos existants et reliées entre elles grâce à des métadonnées communes. Les éléments d’information produits par chacun des acteurs du milieu des arts et de la culture peuvent ainsi être reliés de façon cohérente afin de constituer une offre d’information globale et riche et de nous fournir une meilleure visibilité sur les données relatives à l’accès et à l’utilisation de contenus.

Comment accompagner la transition ?

Comment extraire les données descriptives des bases de données et les normaliser ? Comment définir les métadonnées qui formeraient les éléments descriptifs essentiels pour permettre de relier entre eux des ensembles de données qui  utilisent des référentiels standards mais différents ? Et, surtout, comment convaincre les producteurs de données de l’importance de l’interopérabilité et de la structuration intelligente des données ?

Dans cette perspective et afin de travailler collectivement à définir des pistes d’action, nos politiques et programmes devraient jeter les bases d’un projet de mise en commun des données culturelles en soutenant:

  • L’adoption des meilleures pratiques en matière d’indexation de contenu avec des métadonnées et une syntaxe de description qui s’adressent aux machines;
  • L’élaboration d’un un ensemble de métadonnées de base (modèle de médiation) qui permette de “faire la traduction” entre les différents standards et vocabulaires employés selon les domaines (musique, cinéma, arts visuels) et les missions (bibliothèque, archives, commerce, gestion de droits);
  • La libération des données qui décrivent nos créations artistiques, nos produits culturels, nos talents et notre patrimoine. Les données ouvertes constituent une première étape vers la diffusion de données ouvertes et liées.
  • L’acquisition des compétences techniques et technologiques qui sont requises afin de concevoir et de maintenir des outils pour faciliter la saisie et la réutilisation des données par les acteurs concernés.
  • L’harmonisation des différents modèles d’indexation documentaire (référentiels transversaux pour la production des données culturelles, cartes d’identité des biens culturels) au sein du Ministère de la Culture et des Communications.
  • Une étroite collaboration entre les institutions et les organismes producteurs de données autour de la rédaction d’une politique des métadonnées culturelles.

On ne devient numérique qu’en le faisant. Mais c’est un chantier qui repose davantage sur la collaboration et la mise en commun de l’information que sur la technologie.

La donnée est l’élément pivot d’une nouvelle politique culturelle

Nos contenus culturels sont-ils dans le web des données ?

Mémoire déposé dans le cadre de la consultation publique pour le renouvellement de la politique culturelle du Québec, 8 mai 2016.

Représentation du web des données ouvertes liées - 2014

Parmi tous les documents publiés — tant par les gouvernements du Québec et du Canada que par les institutions et organismes préoccupés par le nécessaire renouvellement d’une politique culturelle dans un contexte de transition numérique — il n’est fait aucune mention de la donnée. Celle-ci est pourtant au cœur du « numérique » (peu importe la définition choisie) si bien qu’il est impossible d’élaborer une vision, une politique et des programmes qui soient cohérents et qui aient un impact réel et de longue durée sans une compréhension fine de ce dont il s’agit.

Comprendre la donnée, c’est être en mesure de répondre à la plupart des questions qui se trouvent sous les sept thèmes du document de consultation et, de manière plus générale, à celles-ci :

  • Quels sont les éléments fondamentaux sur lesquels il faut agir pour que la politique culturelle fasse émerger des projets et actions ayant un impact transformateur et durable sur l’économie de la culture?
  • Que devrait-on retenir des orientations qui façonnent les stratégies et les programmes d’états ayant une structure de soutien similaire à celle du Québec?
  • Comment des programmes peuvent-ils avoir une portée transversale sur les trois principaux axes de la politique que sont :
    (1) l’affirmation de l’identité culturelle,
    (2) le soutien aux créateurs et aux arts et
    (3) l’accès et la participation des citoyens à la vie culturelle?

Ces questions ont orienté la rédaction de ce mémoire. Celui-ci a été rédigé à partir d’un rapport-synthèse réalisé à la demande de la SODEC afin de dégager les éléments essentiels à son appréhension du contexte au sein duquel les créateurs et entreprises culturelles vivent désormais.  Lire le mémoire

Pourquoi vos métadonnées musicales sont aussi importantes que votre musique

 

TGiT - Tag ta musique: indexation de contenus musicaux

Pourquoi s’investir autant dans la création et la production d’œuvres musicales et les laisser ensuite devenir graduellement invisibles sur le Web, une fois la campagne de promotion terminée ? Pourquoi laisser aux plateformes technologiques le soin d’identifier et de catégoriser les œuvres ? Pourquoi s’insurger d’une part contre la copie illégale et de l’autre, diffuser des fichiers audio sans données détaillées sur les créateurs et les détenteurs des droits ?

Ces questions surgissent depuis que je contribue à des projets de valorisation de métadonnées dans le domaine de la culture. Ce sont également des enjeux vitaux pour la présence numérique de la musique créée et produite au Québec, Ce sont ces même raisons qui m’amenaient à assister à la présentation de Jean-Robert Bisaillon, lors du MusiQClab du 28 janvier dernier, à Montréal.

Lire la suite sur le blogue de MusiQC numériQC.

Distribution de masse et individualisation de la consommation

Signalisation: tirez, poussez

Lu dans le cahier Télévisions du journal Le Monde (7-13 juillet 2014).

Maîtriser le code, c’est contrôler la connaissance et la diffusion. Ayants droit et groupes audiovisuels ne l’ont manifestement pas encore bien assimilés. (Olivier Dumons)

La télé rattrapée par les pirates, par Olivier Dumons

Les chaînes cherchent à endiguer l’essor du piratage de leurs contenus numériques. Certaines proposent même de nouer des partenariats avec des sites de copie de programmes.

Nous somme clairement dans une phase de transition. La télévision de rattrapage n’existait pas il y a trois ans. Sous la pression des usages, les ayants droit vont devoir évoluer, la réglementation devra suivre et la manière de commercialiser aussi. On voit bien par exemple qu’un abonnement à bas coût peut régler beaucoup de problèmes. Il nous faut donc inventer des modèles d’affaires qui tiennent compte de ces possibilités techniques plutôt que de sortir un arsenal répressif.” (Philippe Deloeuvre, directeur de la stratégie, France Télévisions)

Les chaînes françaises se cherchent un avenir, par Olivier Dumons

Groupe d’étude “Médias et nouvelles technologies” du Sénat – Réunion des principaux acteurs de l’audiovisuel français afin d’exposer leurs craintes face aux nouveaux acteurs audiovisuels de type Netflix, ainsi que face aux mutations du marché. 25 juin 2014.

Les diffuseurs s’adressaient jusqu’à présent à des foyers avec des réseaux assez encadrés. Aujourd’hui, nous devons nous adresser à des individus distincts, comme dans la téléphonie. /…/ Cette individualisation de la consommation nous affecte fortement car nous n’avons toujours pas trouvé de solutions pour financer le cinéma français avec cette demande individuelle, aussi forte soit-elle. (Manuel Alduy, directeur de Canal+)

Le numérique accélère le déclin de l’antenne, par Joël Morio

Un foyer sur cinq ne dispose que d’une box pour recevoir les programmes, même sir la télévision numérique terrestre reste le premier mode de réception (57,9%). /…/ Les tablettes, ordinateurs et smartphones se substituent doucement mais sûrement à l’écran du salon.

Inversion du courant

À contrario de la distribution de contenu dans un marché de masse:  l’individualisation de la consommation (accéder au contenu que je veux et quand je veux) propulsée par l’adoption généralisée des outils et usages numériques.

Dans l’urgence, recherche de nouveaux modèles de financement, de distribution et de production.

L’individualisation de la consommation requiert , non seulement la maîtrise du code mais surtout, la littératie des données. Celle-ci permet de contextualiser la demande afin que les infrastructures, les acteurs et les contenus puissent s’adapter et demeurer des options.

Contestation citoyenne par médias interposés

Avant même leur diffusion sur les chaînes de télévision, des parodies du  message publicitaire du parti Libéral de Jean Charest n’ont pas tardé à circuler depuis la publication de la vidéo officielle par un média, hier soir.

“Video protest”

Bel exemple d’interaction entre les citoyens et leurs gouvernants par l’intermédiaire d’un contenu qu’on s’approprie de façon symbolique. Voir cette très pertinent présentation : Mashup, remix, détournement: nouveaux usages des images sur les réseaux sociaux.

 

Message à double-tranchant

Les thèmes évoqués “turbulence”, responsabilité”, “pression” sont des allusions à la crise étudiante, mais demeurent juste assez nébuleux pour ouvrir la porte aux interprétations. Une simple apposition du carré rouge et le message prend un tout autre sens.

Quand le discours officiel passe dans la machine à interpréter du Net et quand les parodies du discours officiel circulent plus rapidement que les messages télévisés, on est vite dépassé.

Il y aurait intérêt à adapter votre stratégie de communication aux nouveaux usages du numérique, sauf si vous ciblez intentionnellement la catégorie de citoyens qui préfèrent s’informer auprès des médias traditionnels.

Autres versions du message :

Version remix.

Version Duplessis (discours contre la laïcisation de l’enseignement).

Version Notre Sauveur.

Version “au bout du rouleau”

Version sous-titrée

Version Juste pour rire

Version publicité subliminale

Version “bad trip”

Mashup publicité Apple (MacIntosh, Super Bowl 1983)

La guerre de l’Internet est commencée

Lors du Chaos Computer Congress, à Berlin, en décembre dernier, Cory Doctorow annonçait que l’Internet ouvert est devenu l’enjeu d’une guerre sans merci entre les tenants du contrôle et les défenseurs des libertés individuelles (Lockdown, The coming war on general purpose computing).

Nous subissons déjà, par le biais de nos ordinateurs et applications, un contrôle insidieux :

  • comment on accède aux contenus (des interfaces si faciles à utiliser);
  • à quoi on nous donne accès (des contenus sélectionnés et contrôlés pour notre bien).

The fantasies of those days were like a boring science fiction adaptation of the Old Testament Book of Numbers, a tedious enumeration of every permutation of things people do with information—and what might be charged for each.

Unfortunately for them, none of this would be possible unless they could control how people use their computers and the files we transfer to them.

Vidéo de la conférence de Cory Doctorow, The coming war on general computation.

Il y a actuellement un débat enflammé autour du contrôle des machines et des applications au nom de la protection du droit d’auteur (Stop Online Piracy Act). Il y a également l’affaire des rootkits implantés dans les téléphones portables.

We haven’t lost yet, but we have to win the copyright war first if we want to keep the Internet and the PC free and open. Freedom in the future will require us to have the capacity to monitor our devices and set meaningful policies for them; to examine and terminate the software processes that runs on them; and to maintain them as honest servants to our will, not as traitors and spies working for criminals, thugs, and control freaks.

Qu’est ce qui fait le plus peur : les possibles dérives des usages numériques de quelques-uns ou le contrôle d’un médium à présent intégré dans notre quotidien pour des raisons politiques et économiques ?

Contraintes légales et surveillance des internautes, jardins clos (le Web dans l’environnement contrôlé d’une plateforme de réseau social), “appification” croissante du Web (accès aux contenus sur Internet par le biais d’applications développées par des entreprises comme un service) : la guerre de l’Internet  est commencée.

Passages : vers de nouveaux modèles industriels pour la production de contenus riches


    Le documentaire et les plateformes numériques: un écosystème en transformation

    Deux des enjeux analysés dans ce rapport de l’Observatoire du documentaire ont également des échos dans l’industrie de la musique:

    Financement de la production de contenu

    Qui doit financer la production de contenu ? Les producteurs indépendants et les radiodiffuseurs doivent-ils assumer la quasi-totalité du financement alors que les géants des télécommunications récoltent les revenus toujours croissants de notre utilisation d’Internet ?

    Nouveaux modèles de gestion du droit d’auteur

    Comment faciliter la distribution et la diffusion des œuvres dans un contexte de multiplication des contrats d’exploitation (formats et plateformes) ? comment protéger les droits des créateurs tout en permettant la copie privée ?

    Dans la même veine, la Société des auteurs-compositeurs Canadiens propose un Projet de monétisation du partage de fichiers musicaux à des fins non-commerciales de l’Association des auteurs-compositeurs canadiens.

    Le changement est irréversible, mais la transformation des écosystèmes et des modèles économiques est lente.

Richard Stallman, gourou du logiciel libre

RMS_rocks

Richard Stallman en Saint iGNUtius, au Salon du logiciel libre du Québec 2010
Photo: @MagicBlob alias Fabian Rodriguez

Salon du logiciel libre du Québec, 6 et 7 décembre 2010, Université Laval, Québec.

Hashtag : #s2lq

Grrr ! Pas de wifi gratuit et interdiction de photographier (défiée) pendant les présentations.

Il s’est écoulé près de 2 ans, avant le jugement de juin 2010 qui a donné raison à Savoir Faire Linux envers la Régie des rentes du Québec qui avait accordé, sans appel d’offres, un contrat de renouvellement de licences à Microsoft. Ce jugement n’a pas empêché, il y a quelques semaines, une autre agence gouvernementale d’adopter des normes accordant pratiquement l’exclusivité à Microsoft.

Le gouvernement du Québec s’intéresse au logiciel libre Malgré plusieurs études réalisées par le gouvernement depuis 2005.

Près de 700 participants se sont déplacés malgré les 20 centimètres de neige annoncés aujourd’hui.

Saint iGNUtius priez pour notre libération

Conférence-fleuve de Richard Stallman (@rmstallman, alias RMS) sur le mouvement pour le logiciel libre, le système d’exploitation GNU/Linux et la liberté.

Une prestation qui s’est finalement déroulée sans que nous ayons senti le temps passer.  Fondateur de la Free Software Foundation et de GNU/Linux, M. Stallman a une apparence baba cool et parle un français émaillé d’amusantes traductions comme programmes «privateur» (propriétaire). Geek-hippie, cet évangéliste du libre annonce ses couleurs et tient un discours qui agace (ou fait tranquillement rigoler) les tenants de choix technologiques, disons, «commerciaux». Discours pour discours, je préfère celui qui prône la solution des enjeux éthiques avant de s’attaquer aux enjeux pratiques.

Mise à jour (10 décembre 2010)

Vidéo de la conférence de Richard Stallman. Salon des logiciels libres du Québec, 6 décembre 2010.

Partie 1

Partie 2

Dépasser les limites du livre – BookCamp Montréal 2010

Retour sur mes notes prises lors du BookCamp Montréal, 26 novembre 2010 au Salon b Bibliocafé.

BookCamp_Montreal_2010
Particularité du «camp» (anti-conférence) : élaboration collective du programme de la journée.

Cette première édition semble déjà un succès : la salle est pleine et l’assistance est diversifiée (secteurs d’activité, groupes d’âge).

Pour suivre le fil des commentaires sur Twitter:  #bcmtl.

Oser

Il semble qu’il soit difficile de sortir du modèle du livre imprimé (et même du support papier). Quelques exemples:

  • Utiliser l’iPad pour faire vendre plus de copies papier.
  • Utiliser une application pour produire une version numérique d’un document papier.
  • Créer une application pour tablette qui imite le livre.

Évidemment, rien n’oblige un éditeur ou un auteur à délaisser le livre pour se jeter sur les pixels. Mais si on tente l’expérience du numérique, pourquoi ne pas s’en servir pour aller au delà des limites de l’imprimé et explorer les possibilités du nouveau médium ?

Comment accroître son potentiel d’innovation et trouver des solutions à ses problèmes quand on se cantonne à ce qu’on connait ?

Quand les frontières entre les pratiques deviennent floues

La dématérialisation de l’objet «livre» et l’élargissement des horizons du monde de l’édition dans l’espace numérique effraient. C’est une réaction naturelle; ces changements questionnent la pertinence des métiers et des façons de faire. L’antidote à l’incertitude est l’acquisition de connaissances pour se fixer de nouveaux repères (et pas nécessairement pour changer radicalement sa pratique).

Qu’est ce qu’un livre ?

J’ai perçu l’inconfort de plusieurs intervenants face aux définitions mêmes des objets qui sont remises en question. Un livre interactif est-il un livre ou un jeu ? Ou ne serait-ce pas plutôt une application ? On peut s’interroger sur ce qui motive cette volonté de marquer les frontières entre les manifestations créatives.

Notre définition de l’objet limite-t-elle notre capacité d’innovation ? C’est une question que pose Mitch Joel dans un billet tout juste publié : When The Definitions Are Wrong.

Analphabétisme numérique

Beaucoup d’acteurs de monde de l’édition (dont beaucoup d’éditeurs) ne sont pas encore familiers avec les nouvelles technologies. Comment parler des enjeux de distribution numérique quand on ne sait pas faire la différence entre un fichier et une page web ? Comment interpréter les changements, identifier les menaces, oui, mais surtout les opportunités d’innovation ?

Des paroles qui dérangent (pour notre bien)

Karl Dubost (@karlpro), qui contribue activement à l’exploration des possibilités du web  a bien tenu le rôle de catalyseur (ou «brasseur de cage») qu’il avait déjà joué, face à un auditoire en partie ravi et en partie sur la défensive, aux rencontres de l’Espace Infusion, lors du Festival du nouveau cinéma.

On pourra longuement réfléchir sur ce constat: « La technologie modifie les comportements, le marché et donc la culture. L’infrastructure n’est pas neutre.»

Voir le compte-rendu de cet évènement par Karl Dubost, sur son carnet.

Formation oui, mais vers qui se tourner ?

Les artistes sont ceux qui ont le moins à craindre des  changements du numérique, contrairement aux éditeurs, distributeurs qui sont menacés par de nouveaux intermédiaires comme iTunes et qui devront nécessairement se réinventer. Cependant, où les créateurs peuvent-ils acquérir les connaissances requises pour profiter des avantages du numérique ? Les organisations associatives ne devraient-elles pas prendre rapidement l’initiative et offrir à leurs membre une formation aux outils et pratiques des nouvelles technologies ?

Où sont les bibliothécaires ?

Malgré une assistance diversifiée, nous n’avons pas entendu de bibliothécaires, exception faite d’Olivier Charbonneau qui s’en est tenu à la dimension juridique (voir plus bas). Les bibliothèques constituent des points d’accès publics et gratuits à l’information. Cette profession a pourtant un rôle actif à jouer dans l’écosystème de l’édition, tant par son expertise spécifique que sa position privilégiée d’intermédiaire entre les utilisateurs/lecteurs et l’offre.

Où sont les sociétés de gestion collective ?

Il a beaucoup été question de propriété intellectuelle, il aurait été intéressant d’entendre les commentaires de représentants des sociétés de gestion collective de droits d’auteur.

Protéger la création et encourager la diffusion

À lire et à méditer par tous les intervenants concernés par la diffusion et la distribution de contenus culturels à l’ère numérique, et plus spécialement, les sociétés de gestion collective de droits d’auteur.  Selon Olivier Charbonneau (@culturelibre), il est plus payant, pour les éditeurs, de vendre un droit d’accès unique; c’est une économie de bien privé. Le numérique nous offre une économie de bien public.

Présentation d’Olivier Charbonneau : Le droit du livre.

Un grand absent: celui/celle qui fait sonner la caisse

Acteur central et élément clé du modèle économique, le consommateur était absent des présentations. Le numérique a-t-il changé nos usages et notre consommation de contenus culturels ? Si oui, comment ces changements se traduisent-ils ?

Culture, médias et divertissement: des enjeux communs

L’édition, la musique, les journaux et magazines, le cinéma: toutes les industries culturelles, même le jeu vidéo (voir le billet sur les conférences du Sommet international du jeu de Montréal) ont des enjeux communs et des expérimentations à partager. Internet change irréversiblement la façon dont nous créons, produisons, promouvons et consommons des produits culturels. Pour s’adapter (ou survivre) aux bouleversements, les entreprises et créateurs doivent accroître leur capacité d’innovation. C’est possible, avec des rencontres du même type que celles de vendredi dernier qui favorisent les échanges entre spécialistes, industries et initiés et non-initiés.