Analyse du contenu et des interactions à propos de la Charte des valeurs québécoises sur Twitter.
Projet lancé à 00h00 le 12 septembre 2013, avec le logiciel d’analyse de Nexalogy. Données recueillies en français (#charte et charte AND polqc) et en anglais (#charte et charter + (qc OR quebec OR polqc)).
Depuis jeudi dernier, le grand gagnant (flux français et anglais) de l’agitation sur Twitter est un hôpital en Ontario qui est à la recherche de personnel et qui a rapidement repéré l’opportunité. Les hyperliens menant vers la page Facebook de la campagne, ainsi que les différentes affiches publicitaires se sont rapidement propagées parmi les flux sous observation.
Dans l’ensemble, la cartographie des thèmes et groupes lexicaux présente un enchevêtrement confus d’émotions, d’accusations, de sarcasmes et de liens d’actualité. Les appels à l’unité y sont à peine visibles car trop peu fréquents.
Religion et politique
Parmi les thèmes présents, celui de la religion est prépondérant. C’est de l’Islam, plus que toute autre religion, dont il est surtout question; notamment, au sujet du port du voile.
Depuis samedi dernier, jour de la manifestation contre la charte, une thématique a pris de l’ampleur: les droits des femmes. Le mot « femmes » figure au 7e rang des 200 mots les plus fréquents. En marge des autres groupes lexicaux, celui-ci fait état des enjeux entre féminisme et pratiques religieuses.
La politique provinciale occupe une part importante des contenus. De nombreuses publications sont des déclarations partisanes qui concernent plus le Parti Québécois que le contenu de la charte.
Société distincte ?
À la différence du flux français, le flux anglais a de nombreux contributeurs hors-Québec. Là aussi, la politique s’est invitée: les personnalités de 4 partis fédéraux sont très fréquemment mentionnées (au bas de la carte) et le commentaire d’un député conservateur (Jason Kenney, tout en haut de la carte) a abondamment circulé.
L’intégration des immigrants, les valeurs partagées et la laïcité, ne sont pas des sujets de controverse qui sont spécifiques au Québec : de nombreux liens échangés proviennent de sources hors-Québec et font référence à des controverses qui ont lieu dans d’autres provinces.
Quelles valeurs ?
Des 200 mots les plus fréquents parmi les 16 200 tweets recueillis jusqu’à présent sur le flux français, 4 termes font références à des valeurs :
- 5. laïcité (575 fois)
- 37. inclusif (225 fois)
- 75. égalité (143)
- 90. liberté (133 fois)
Des 200 mots les plus fréquents parmi les 11 500 tweets recueillis jusqu’à présent sur le flux en anglais, 6 termes font références à des valeurs :
- 36. secularism (167 fois)
- 72. freedom (104 fois)
- 87. diversity (82 fois)
- 168. freedoms (50 fois)
- 183. equality (46 fois)
- 199. inclusive (43 fois)
Quel débat ?
Dans un billet qu’il a publié ce dimanche, Clément Laberge se demande si l’instantanéité, n’étouffe pas le débat.
On peut-tu prendre un break? Une semaine? Pour laisser retomber un peu la poussière. Pour se donner le temps de lire les documents auxquels on fait référence, pour écouter attentivement les défenseurs et les opposants — et les amener à expliquer ce qu’ils appuient et ce qu’ils dénoncent dans la proposition. Pour sortir des antagonismes et créer un climat plus propice à l’expression des nuances et à la formulation de propositions alternatives — parce que le document peut certainement être amélioré; et qu’il a d’ailleurs été présenté comme tel.
Cette réflexion rappelle le dernier ouvrage de Douglas Rushkoff, Present Schock – When everything happens now, où il présente les effets sur notre comportement, d’une existance en temps réel. Au cours d’une entrevue, il illustre bien l’effet de l’instantanéité sur nos conversations numériques:
Remember those early conversations on the Well? We got to sound smarter than we were in real life, because we had all the time in the world to respond. They were asynchronous conversations, fully consonant with the asynchronous character of digital technology. When we strap this stuff to our bodies and respond to each vibration, we are turning them into something very different.
Une réflexion sur « La #charte sur Twitter: les mots dépassent-ils la pensée ? »