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Données ouvertes : transformer le gouvernement

Initialement publié dans le blogue de Direction informatique, le 27 janvier 2014.

Si on peut s’interroger sur la qualité des ensembles de données ouvertes, comme c’est le cas pour celles du Système électronique d’appel d’offres (SEAO), que penser de celle des bases de données de l’appareil gouvernemental?

Jusqu’à présent, les professionnels des sciences de l’information étaient pratiquement absents des projets informatiques. Pourtant, la libération de données constitue une opportunité pour les spécialistes de l’organisation et de l’indexation de contenu, mais aussi pour les administrations qui souhaitent passer en mode numérique.

Principes de l'ouverture des données
Principes de l’ouverture des données – Portail des données ouvertes de la Ville de Montréal

Vecteur de changement

Le parlement de l’État du New South Wales en Australie, qui décrétait en novembre dernier que les données gouvernementales seraient ouvertes par défaut, a publié une politique pour assurer la qualité de ses données. Cette politique comprend des normes, des directives et des procédures pour une gestion des données et de l’information de manière sécuritaire, structurée et uniforme.

En libérant ses données par défaut, ce gouvernement oblige l’ensemble de ses ministères, agences et institutions à prendre les mesures nécessaires pour que les systèmes d’information soient conformes. Un tel changement en profondeur soutenu par le ministère des Finances.

Et ici?

De nombreux organismes, réseaux et initiatives citoyennes interagissent avec des représentants des administrations provinciale et municipales qui sont convaincus du rôle central des données pour le développement socioéconomique du Québec.

Voici deux activités d’intérêt qui auront lieu sous peu :

1. Des normes mondiales pour les contrats publics

Le 31 janvier prochain aura lieu à Montréal un atelier sur le développement de normes pour la divulgation des données des contrats publics.

L’adoption de normes communes est essentielle parce qu’elle permet de connecter des ensembles de données et d’analyser de l’information pour prendre de meilleures décisions.

C’est un événement auquel se devraient d’assister les représentants de l’administration, des technologies, des sciences de l’information, du monde des affaires.

2. Des données ouvertes pour se faciliter la ville

Le 22 février prochain, des événements auront lieu simultanément au Québec pour souligner la Journée internationale des données ouvertes. Pour l’occasion, la Ville de Montréal accueillera dans ses locaux de la rue Brennan une rencontre organisée par Québec Ouvert.

Les citoyens, les fonctionnaires, les entrepreneurs, les développeurs et les chercheurs qui souhaitent se tenir à jour sur les récents développements, échanger des informations, présenter des projets ou étendre leur réseau de contacts sont les bienvenus.

Harout Chitilian, le vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, qui est responsable de la réforme administrative, du dossier de la Ville intelligente ainsi que des technologies de l’information, sera présent.

Amélioration ouverte

Dans le foulée de précurseurs comme les États-Unis et plusieurs pays d’Europe, de nombreuses administrations publiques libèrent des ensembles de données qu’elles mettent à la disposition des citoyens et entreprises.

En plus de la transparence, de telles initiatives permettent d’atteindre plusieurs objectifs, comme favoriser le développement d’applications, améliorer l’accès à l’information, accroître l’offre de services gouvernementaux, contribuer à la recherche et au démarrage d’entreprises.

Surtout, libérer des données c’est améliorer ses processus internes par l’adoption de normes reconnues et de meilleures pratiques. La libération de données est un vecteur de transformation organisationnelle.

Contrats publics: standards de qualité des données ouvertes

Le 31 janvier prochain aura lieu à Montréal un atelier sur le développement de normes pour la divulgation des données des contrats publics. La piètre qualité des données ouvertes du Système électronique d’appels d’offres (SEAO) devrait nous inciter à exiger l’adoption d’une politique pour des données fiables, à jour et exploitables.

Open Contracting est une initiative internationale, parrainée, entre autres, par la World Wide Web Foundation. Il s’agit d’une première action officielle qui a pour objectif le développement de standards pour améliorer la qualité de l’information des marchés publics.

L’atelier est gratuit et ouvert à toux ceux qui s’intéressent aux enjeux de la transparence, de la gouvernance et de l’accès à l’information: citoyens,   professionnels des technologie de l’information, fonctionnaires, entrepreneurs, juristes.

L’activité aura lieu au Hilton Bonaventure, de 9h00 à 15h00, le 31 janvier 2014. Inscription requise pour participer.

Commerce électronique: deux bonnes raisons pour aller voir ailleurs

Initialement publié dans le blogue de Direction informatique, le 18 décembre 2013.

Lorsqu’on parle de commerce électronique au Québec, il est souvent question de stratégie et de technologie, mais rarement d’information. Pourtant, qui n’a déjà fait ou entendu ce genre de commentaire : « C’est plus facile à trouver avec Google que sur le site de [XYZ]! »?

Tout comme l’information stratégique, l’organisation et l’exploitation des données concernant l’offre commerciale ne semblent pas encore faire partie des enjeux prioritaires de trop d’entreprises.

Labyrinthe de la Cathédrale de Reims. Par Coyau (vectorisation), d'après le dessin de Jacques Cellier (vers 1583-1587) [Public domain], via Wikimedia Commons.

Une question d’information

Selon une étude récemment publiée par le CEFRIO, malgré la croissance du nombre d’achats en ligne, ceux-ci sont majoritairement effectués à l’extérieur du Québec. Quel dommage pour notre économie! Parmi les raisons qui pourraient expliquer cette préférence, il y en a deux pour lesquelles il serait tout à fait possible d’apporter des correctifs :

1. Le catalogue de produits n’est pas terrible

Les géants du commerce en ligne, ainsi qu’un nombre croissant de grandes marques américaines, investissent dans la mise en valeur de leur offre commerciale sur Internet en ouvrant aux internautes de très efficaces catalogues de produits.

Cela fait plusieurs années que des sites de commerce européens déploient cette force de frappe numérique. Il suffit, lors d’un séjour outre-mer, de chercher un simple appareil électro-ménager en ligne pour se voir proposer différentes marques et prix à même les résultats affichés par Google. Par ailleurs, plusieurs grandes enseignes s’intéressent au web sémantique afin d’ajuster leur moteur de recherche interne aux besoins exprimés de façon non explicite.

Désolée d’insister : les métadonnées descriptives sont au cœur de la recherche sur Internet. Les moteurs de recherche raffolent particulièrement de celles qui s’appuient sur des formats standards car elles sont faciles à interpréter et à contextualiser. Or, la plupart des catalogues en ligne au Québec ne sont constitués que de fiches d’information qui sont fournies par les manufacturiers. Résultat : il y a aucun format commun et on utilise un vocabulaire qui s’adresse davantage au service de l’approvisionnement qu’à la clientèle cible.

Enrichir les données d’une fiche produit avec des métadonnées permet d’ouvrir un catalogue à un grand nombre d’applications de recherche, et ainsi, de diffuser plus largement une offre qui, autrement, restera confinée au site Internet d’origine.

De tous les secteurs d’activité au Québec, par exemple, seule la musique connaît une initiative liée aux métadonnées. Il s’agit de TGiT, qui promeut l’adoption de métadonnées standards incrustées aux fichiers MP3 afin d’intensifier la présence numérique des créations québécoises.

La concertation autour de normes requiert des efforts considérables de la part de l’ensemble des acteurs d’un écosystème, mais c’est à ce prix que s’acquiert une présence forte et une certaine autonomie face aux géants du web comme Amazon et Apple.

2. La recherche sur ce site est une corvée

L’accessibilité et la qualité de l’information concernant les produits et leurs processus d’achat sont à l’origine de l’insatisfaction de nombreux consommateurs.

Si la partie transactionnelle peut être améliorée par des spécialistes de l’interface utilisateur, l’architecture de l’information devrait être élaborée avec les méthodes des sciences de l’information. De trop nombreux catalogues en ligne, incluant ceux des grandes entreprises, n’ont pas de schéma de classification, de catégorisation et de métadonnées cohérents et évolutifs qui permettraient aux moteurs de recherche internes et externes d’être plus efficaces.

Les moteurs de recherche internes sont rarement paramétrés adéquatement et cela constitue le plus grand irritant : il y a trop de résultats ou bien aucun résultat, le tout sans proposition d’alternative.

Un autre sujet d’amélioration est la recherche à facettes, qui permet de trier des résultats en fonction d’attributs spécifiques. Ces attributs se limitent habituellement au prix et à la marque, alors que d’autres informations plus utiles, comme les caractéristiques propres au type de produit, n’y sont pas.

Par exemple : pour un convecteur de 150 watts, on devrait proposer linéaire, thermostat intégré, puissance, spécialité (p. ex. un chauffe-serviettes). C’est un investissement qui permet de faciliter la recherche et, donc, d’accroître les ventes et de rentabiliser ainsi le coût d’acquisition de la technologie.

De plus, ces attributs permettent non seulement de contextualiser l’offre (p. ex. la variété des options), mais également d’enrichir l’analyse des données sur les besoins de la clientèle.

Le catalogue de produits demeure le maillon faible du commerce électronique au Québec. Pour trop d’entreprises, c’est encore une brochure ou, au mieux, une arborescence de site web. Mais pour les plateformes commerciales à succès, il s’agit plutôt d’un ensemble de données structurées s’adressant aux consommateurs afin de faciliter leurs décisions d’achat. Et pour celles qui sont entrées dans l’économie numérique, c’est aussi la composante d’un système d’information stratégique.

Pour Noël 2014, les sites de commerce en ligne seront-ils enfin passés en mode « information » au Québec?

Contrats publics: des données de qualité pour une meilleure vigilance

Initialement publié dans le blogue de Direction informatique, le 2 décembre 2013.

Par les temps qui courent, on entend souvent dire que des pratiques transparentes et équitables seraient essentielles afin d’accroître la concurrence entre les soumissionnaires et obtenir un meilleur rapport qualité-prix pour réduire les dépenses publiques.

Dans ce contexte, la publication de données relatives au processus d’octroi de contrats publics contribuerait à la transparence de l’appareil gouvernemental et faciliterait la vigilance des citoyens et des fonctionnaires. Encore faut-il que ces données soient structurées, fiables et cohérentes.

Système électronique d'appels d'offres du gouvernement du Québec - SEAO

Le cas du SEAO

Les contrats publics du gouvernement du Québec représentaient, en 2011, un marché de plus de 5 milliards de dollars. En juin dernier, le gouvernement du Québec, par le biais du Conseil du Trésor, libérait les données du Système électronique d’appels d’offres (SEAO). Cette plateforme réunit les appels d’offres du gouvernement du Québec, des municipalités et de divers organismes et agences.

Le 16 novembre dernier, lors d’un hackathon organisé à la Maison Notman, à Montréal, des volontaires se sont penchés sur les données ouvertes du SEAO. Une équipe technique a procédé à l’analyse et au nettoyage de l’ensemble de données. Constat : de nombreux champs sont vides, il n’y a pas d’identifiant unique pour les fournisseurs, ni de formats de métadonnées standards et, surtout, on y trouve un grand nombre de doublons, notamment pour les noms d’entreprise. Ainsi, après « nettoyage », le nombre de fournisseurs est passé de 54 692 à 37 579.

Aussi, le modèle de données fourni est bien insuffisant pour contextualiser l’information et les documents enfermés dans des fichiers PDF ce qui interdit une analyse approfondie de leur contenu.

Intégrité des données et qualité de l’information

Une autre équipe a tenté d’évaluer le système du SEAO en regard des directives sur l’ouverture des données des marchés publics qui ont été publiées par la Sunlight Foundation. Cette association internationale fait la promotion de normes et standards pour la transparence des gouvernements.

Parmi les lacunes identifiées dans le système, voici des éléments qui sont essentiels à la qualité de l’information, mais malheureusement absents des données publiées :

  • Un identifiant unique utilisé de bout en bout du processus de marchés publics, de l’avis d’appel offres jusqu’au rapport des dépenses. Cet identifiant devrait permettre les relations parent-enfant entre les entités à identifier.
  • L’adoption de normes existantes pour la diffusion des données et pour assurer l’interopérabilité de celles-ci entre les unités administratives.
  • Le texte intégral des contrats.
  • L’état des contrats (date d’achèvement prévue, date d’achèvement réelle, dépassements de coût, rendement du contractant).
  • Les données concernant la sous-traitance.

Fonctionnaires et élus mieux équipés et plus vigilants

Ces éléments permettraient de concevoir un tableau de suivi des contrats, depuis la rédaction de l’appel d’offres jusqu’à la livraison des produits/services. Ce serait là, plus qu’une preuve de transparence présentée aux citoyens, un véritable outil de surveillance pour les élus et les fonctionnaires dont la visibilité sur les dossiers et les processus n’est, hélas, souvent guère meilleure que celle des citoyens.

Ce n’est cependant réalisable que si l’on améliore la qualité des données à la source, en imposant des règles concernant la divulgation ainsi que des formats de saisie.

Que pouvons-nous attendre du développement de méga systèmes d’information ou même, de « villes intelligentes », si les administrations publiques n’appliquent pas les méthodes et les normes requises pour assurer la qualité des données ?

L’information n’est pas la priorité des organisations

Initialement publié dans le blogue de Direction informatique, le 31 octobre 2013.

On dit que Lewis Platt, PDG de Hewlett-Packard dans les années 80, se serait un jour exclamé : « Si, au moins, HP savait ce que HP sait, nous serions trois fois plus productifs. »

Chef d’entreprise clairvoyant et progressiste, Platt reconnaissait que la technologie, seule, ne peut apporter de solution à la difficulté d’accéder à l’information dans son organisation et de faire les connexions nécessaires pour faire du sens.

Si l’offre de solutions technologiques est aujourd’hui abondante, l’information ne semble toujours pas un enjeu prioritaire pour bon nombre d’organisations.

Un actif stratégique, vraiment?

Selon le célèbre théoricien du management Peter Drucker, les données, sans la perspective que donnent les connaissances et l’expérience, ont peu de valeur dans le cadre d’un processus de décision:

Information is data endowed with relevance and purpose

Traduction libre :

L’information c’est des données pertinentes et qui ont une utilité.

Les enjeux et usages stratégiques de la gestion de l’information sont nombreux et distribués dans toute l’organisation :

  • accès à l’information – soit la bonne information, au bon moment;
  • connexions entre les données et les ensembles de données;
  • des données qui font du sens (contexte sémantique);
  • moteurs de recherche  performants;
  • intranets facilitant les échanges de connaissances et le partage d’expertise.

Si l’information est un actif stratégique, rares sont pourtant les entreprises et gouvernements qui accordent autant de ressources à son organisation, son traitement et son analyse qu’à l’acquisition de technologies permettant de la stocker et de la manipuler.

Où sont les ressources?

Thomas Davenport est l’auteur de Information Ecology, le premier ouvrage sur l’approche intégrée de la gestion stratégique de l’information. Selon lui, il y a confusion entre « information » (le contenu) et « informatique » (le contenant).

Despite titles like  » Information Services », « Chief Information Officer » and « Information Center », most such functions are preoccupied  with technology – if not hardware, then software, applications development, and communications. /…/ If you approached the Information Systems help desk of the typical company and asked, « Where can I find information on our competitors in South America? » I doubt you’d get more than a blank stare. 

Traduction libre :

En dépit de titres comme « Services d’information », « Directeur principal de l’information » et « Centre d’information », la plupart de ces fonctions sont concernées par la technologie – voire par le matériel, puis les applications, le développement de logiciels et les communications. /…/ Si vous vous adressiez au service d’assistance technique du service informatique de n’importe quelle entreprise et que vous demandiez, « Où puis-je trouver de l’information sur nos compétiteurs d’Amérique Latine ? » je doute que vous n’obteniez plus qu’un regard déconcerté.

Une piste pourtant maintes fois invoquée, mais rarement mise en œuvre, consisterait à implanter une gouvernance de l’information réunissant les spécialistes de l’informatique et de l’information. Il s’y élaborerait une vision commune de la gestion des actifs informationnels. La gouvernance des projets numériques est un sujet que j’ai d’ailleurs abordé récemment.

Le mirage de la solution technologique

L’informatique n’est pas une fin en soi : c’est une affirmation souvent entendue, mais les pratiques des entreprises et des administrations publiques traduisent une toute autre réalité. Yves Marcoux, spécialiste des documents structurés et professeur à l’École de Bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal, observe dans une étude de la gestion de l’information au gouvernement :

On vivait avec l’impression que la solution résidait dans des investissements toujours plus grands en ressources technologiques (matériel d’abord, puis programmeurs, analystes, infrastructures réseau et logiciels ensuite). Il est maintenant généralement admis que cette façon de concevoir les choses est un cul-de-sac. À la rescousse se sont succédés des courants comme la programmation structurée, l’orientation-objet et une multitude de méthodologies d’analyse, de modélisation, de développement et d’évaluation de systèmes.

Le rapport d’étude a été déposé à l’intention du Directeur principal de l’information, en 2004. Il recommandait entre autres:

La gestion de l’information devait être abordée avec un mélange de pragmatisme et de méthodologie, mais surtout, en mettant l’accent sur les humains qui produisent et utilisent l’information plutôt que sur les technologies qui les aident à le faire.

Sommes-nous prêts pour l’économie du savoir?

Aucune solution de Big data ne pourra toute seule venir à bout d’une accumulation de données et de documents non structurés et sans attributs communs. Nous persistons à ne voir que le volet technologique de la solution. Or, nous passons actuellement d’une ère industrielle à une ère numérique au cours de laquelle le savoir aura autant de valeur que la production.

Si l’information est réellement le carburant de l’économie du savoir, alors il semble que nous soyons en train de construire des réseaux de pipelines sans nous soucier de l’approvisionnement en pétrole !

Maîtrise des métadonnées: enjeu culturel et économique majeur

The Semantic Web isn’t just about putting data on the web. It is about making links, so that a person or machine can explore the web of data. With linked data, when you have some of it, you can find other, related, data. Tim Berners-Lee, Linked Data

Les 5 règles des données liées (linked data)

Métadonnées: la France est en retard…

Le numérique est avant tout un espace d’échange de métadonnées : si vous ne contrôlez pas les métadonnées, vous laissez à d’autres le pouvoir d’exposer ou non vos œuvres, de vous rémunérer ou pas… Je trouve que nous gérons collectivement cet enjeu des métadonnées avec beaucoup trop de légèreté, le réveil risque d’être douloureux.

Pendant qu’en France nous enchainons les colloques sur la nécessité de s’intéresser aux métadonnées, le gouvernement anglais investit des millions de livres pour faire émerger le plus rapidement possible des acteurs mondiaux sur la gestion des métadonnées.

ÉlectronLibre, entrevue avec Jean-François Bert, fondateur de Transparency, une société qui agit comme un tiers de confiance pour les ayants droit qui veulent surveiller l’exploitation de leurs oeuvres sur le Net.

Le Québec numérique dans son enfance

Pour réaliser à quel point notre retard va nous mettre à la merci des économies numériquement plus avancées, il suffit de visiter des sites comme semanticweb.com. On retrouve très rarement au Québec et au Canada des postes similaires à celui-ci (extrait) :

Core to the work of Pearson International is excellence in information architecture. Information architecture benefits PI businesses by making content reusable through the application of standards; and « smart » by the use of metadata, taxonomies and semantic technologies.

Candidate Profile

Deep understanding of the complex challenges of information and knowledge management.

• Proven success incorporating Taxonomy and Metadata programs within a large enterprise organisation.

• Experience leading teams on taxonomy and metadata strategy projects

• Experience implementing industry taxonomy standards

• Experience implementing metadata standards such as Dublin Core

Un risque pour la culture et l’économie

Les récentes interrogations de l’industrie de la musique illustrent le retard numérique du Québec, notamment en ce qui concerne le web des données:

Au Québec, les ventes d’albums et de pistes numériques représentent 24 % du total; aux États‐Unis, cette proportion passe à 47 %, un peu plus que les 45 % du marché de la musique enregistrée au Canada. /…/ Non seulement la vente d’albums et de fichiers individuels de produits québécois est‐il significativement plus faible qu’en format physique, mais, contrairement à la tendance générale /…/, elle est en recul depuis deux ans.

/…/

Dans un contexte où le format physique semble condamné à perdre du terrain face au commerce numérique de la musique, il appert essentiel que les produits québécois accroissent leur part de marché au courant des prochaines années pour assurer la pérennité du disque québécois. Comment s’y prendre? Est‐ce que le disque (et le « single ») québécois sont assez bien représentés sur les différentes plates‐formes de téléchargement légal (iTunes, eMusic, Zik)? Peut‐on exiger de ces détaillants du Web qu’ils mettent mieux en valeur les produits québécois, voire qu’ils créent une « boutique Québec » sur leurs plates‐formes? Est‐ce que l’industrie de la musique doit investir davantage dans la publicité sur le Web et dans les réseaux sociaux pour mieux diffuser la musique d’ici?

(Philippe Renaud, Un portrait de la chanson québécoise, janvier 2013, pages 19-20)

S’il se vend moins de musique québécoise, c’est, en grande partie, parce qu’elle n’est pas présente/visible là où vont les consommateurs pour trouver de nouveaux contenus culturels (sur Internet). La découverte de contenus culturels québécois sur le Web passe par des métadonnées de qualité (nos catalogues de produits sont en général pitoyables, sémantiquement). De plus, la multiplication des plateformes aux technologies  propriétaires et aux formats non standards (voir la définition des données liées, au début de ce billet) entraîne une balkanisation de l’offre culturelle au détriment des consommateurs.

Modéliser les relations pour socialiser le marketing

Les marques qui investissent de plus en plus de leur budget marketing sur les réseaux sociaux sont-elles devenues plus sociales ? La dimension sociale du marketing, autre que la simple fonctionnalité du « like », échappe encore aux stratèges du marketing.

Publication de la loi sur l'attraction universelle (Isaac Newton, 1687)
Loi sur l'attraction universelle : application des lois mathématiques aux phénomènes naturels

Relation = émotion : le maillon faible du marketing social

Sur le blogue de la Harvard Business Review, un billet qui contient des pistes de réflexion pour ceux qui s’intéressent à la dimension réellement sociale (patterns d’interactions) du commerce qu’il soit numérique ou brique-et-mortier.

Relationships aren’t rational, but emotional. They certainly aren’t predictable. (Try applying the marketing funnel to your love life and see how it goes. If you date 20 people, in 2.5 years will you end up with 0.7 kids?) In fact, marketing in the social era does start to look a lot like falling in love, following an arc of romance, struggle, stability, and commitment. As anyone who’s ever been in love can attest, it’s not a linear path.

Le modèle d’information du marketing traditionnel (linéaire, unidirectionnel et centré sur un objectif transactionnel) ne correspond pas au modèle social.

Nos rapports sociaux, nos choix et nos réactions sont empreints d’émotions (plus ou moins exprimées). Une dimension peu explorée, et pourtant essentielle, du marketing social. Une dimension qui échappe (encore) aux algorithmes des moteurs de recherche.

Curated commerce : la contextualisation de l’offre

Online retailers have the opportunity to offer a distinct point of view and re-contextualize products in more focused ways, often with a pared-down product offering and a highly visual style that immediately conveys brand values. When less is more for online retailers and their customers

Ambient search : contextualisation de la recherche

Il serait temps d’organiser vos contenus pour que vos moteurs de recherche soient plus intelligents et puissent contextualiser votre offre. Ça rappelle Ambient findability (O’Reilly, 2005).

Une étude qui met en lumière le maillon faible des systèmes de recherche d’entreprise (Coveo, Endeca, Lucene, etc.). Les algorithmes ne remplacent pas le travail des « curateurs de contenus » ou, plus particulièrement, la contextualisation de la recherche et des résultats.

“Curated ecommerce is becoming recognized by both retailers and shoppers for its simplicity and ability to help fill an online void,” said Krista Garcia, eMarketer analyst and author of the new report, “Curated Ecommerce: How Less Can Be More for Shoppers.” “There will always be a place for comprehensive, multicategory retail sites, but fine-tuned collections enhanced by personal touches also perform a necessary function in the ecommerce ecosystem.”

Après la modélisation des données, il faut modéliser les relations.

Big data : ces données que nous ne savons pas exploiter

Les barrières technologiques et organisationnelles sont des freins à l’exploitation des données. Ajoutons à ceux-ci l’absence de compétences. Un problème qui n’est pas spécifique au commerce de détail.

Retail’s BIG Blog | 5 digital retail trends to watch in the next 5 years

Data

We all know analytics are important. Heck, we’ve been trying to use them for years! But Joel predicts a massive transition in which retailers combine their current very linear relationship with data with the more cyclical silo that comes from gathering data from many different places.Social CRM is imminent (and we probably won’t be calling it that for very long!). The problem Joel foresees is that retailers just aren’t staffed for this kind of analytics yet. (Mitch Joel)

À  l’ère de la fragmentation des marchés et des audiences, la problématique de l’exploitation des données est une tendance lourde.

Big data: The next frontier for innovation, competition, and productivity (McKinsey)

There will be a shortage of talent necessary for organizations to take advantage of big data. By 2018, the United States alone could face a shortage of 140,000 to 190,000 people with deep analytical skills as well as 1.5 million managers and analysts with the know-how to use the analysis of big data to make effective decisions.

Un nombre incalculable d’applications et de technologies analogiques et numériques recueillent des données dont le volume est en croissance exponentielle. Il y a de nombreux enjeux, dont la sécurité, la protection des renseignements personnels et la censure. La meilleure façon d’y faire face est l’ouverture.

The Economist - The Data Deluge

The Data Deluge (The Economist)

The best way to deal with these drawbacks of the data deluge is, paradoxically, to make more data available in the right way, by requiring greater transparency in several areas. First, users should be given greater access to and control over the information held about them, including whom it is shared with. Google allows users to see what information it holds about them, and lets them delete their search histories or modify the targeting of advertising, for example. Second, organisations should be required to disclose details of security breaches, as is already the case in some parts of the world, to encourage bosses to take information security more seriously. Third, organisations should be subject to an annual security audit, with the resulting grade made public (though details of any problems exposed would not be). This would encourage companies to keep their security measures up to date.

Reconfiguration des professions de la « gestion du savoir » (bibliothécaires, documentalistes, archivistes) dont les compétences sont codifiées et qui font une place importante aux enjeux d’éthique.

Vers des architectes de l’information

L’enjeu pour ces nouveaux professionnels sera de concilier les pratiques des différents mondes du document. Il leur faudra, de façon très pragmatique, construire à la fois des prestations et des institutions qui soient réellement dédiées à la communauté qu’ils servent, reprenant à leur compte la longue tradition des infrastructures épistémiques, sans l’inféoder aux stratégies industrielles qui visent à verrouiller le Web ni la réduire à la logique performative des ingénieurs. (Jean-Michel Salaün)

J’adore mon métier.

 

PluginLeWeb.com : fenêtre en temps réel sur LeWeb 2011

Christian Aubry et moi participerons à LeWeb’11 à titre de blogueurs officiels.

Enrichir les conversations et les présences

Nous réaliserons des capsules vidéo à partir des billets des autres blogueurs. Nos pourrons échanger nos perspectives avec ceux-ci ou inviter un autre commentateur à participer à la discussion.

Nous souhaitons également que des spécialistes du Web et à des médias qui ne sont pas présents à LeWeb et qui souhaitent adresser des questions à des blogueurs de leur choix sur des sujets en rapport avec la conférence puissent le faire en direct, via Skype.

Nos vidéos seront déposées sur les blogues des autres blogueurs officiels (d’où le « plugin » ) tout en étant disponibles sur le blogue PluginLeWeb.com.

Invitation spéciale aux entrepreneurs du Québec

À titre de présidente du comité Internet d’Alliance numérique, j’invite les blogueurs et entrepreneurs du Québec qui sont présents à LeWeb à venir nous expliquer ce qu’ils viennent y chercher.

Contactez-nous

Vous pouvez entrer en contact avec nous par le biais du clavardage de la page PluginLeWeb ou en vous adressant à moi sur Twitter (@joplam).

Merci aux organisateurs de LeWeb 2011, et tout spécialement à Stéphanie Booth de nous donner la chance de réaliser cette expérience.