Archives de catégorie : Faire le Québec numérique

Et l’infrastructure technologique ?

Une lettre d’opinion de Jonathan Vianou, journaliste et ingénieur, dans Le Devoir, relève l’absence de mesures concernant l’infrastructure technologique dans le budget fédéral récemment présenté le gouverment de Stephen Harper.

Les programmes d’infrastructure qui y sont présentés sont créateurs d’emploi et essentiels au maintien des voies de transport, cependant, selon M. Vianou, il y a de quoi s’alarmer du manque d’intérêt pour le développement de l’économie numérique au Canada.

Dans l’économie du savoir, Internet haute vitesse doit être considéré comme essentiel, au même titre que la poste, le téléphone et la télévision. Or, le Canada perd progressivement son leadership à ce chapitre. Deuxième en 2002 parmi les 30 pays membres de l’OCDE, en termes d’abonnés à Internet haute vitesse, il récolte maintenant une 10e position. Pire, il se classe 27e pour son rapport qualité de vitesse et prix! Sans compter que la limite de téléchargement moyenne canadienne de 60 Go par mois est rapidement atteinte, comparativement à celle américaine, qui est de 250 Go.

Le Canada ne semble pas vouloir suivre les propositions de l’OCDE pour l’intégration de la cyberéconomie. De sa position de tête, en 2001, le Canada a rapidement perdu du terrain, tant pour la tarification que pour laqualité du service.

Chiffres pour le moins déconcertants publiés par  David Crane, un chroniqueur de la revue d’affaires BCBusiness dans son article From First to Worst:

Canada’s broadband prices are higher than 20 other countries in the Organization for Economic Co-operation and Development (OECD). In fact, Canadian prices are nearly 30 times as high as those in Japan, 12 times as high as in France, 11 times as high as in Sweden and just over 10 times as high as in Korea.

Canada also has one of the slowest average advertised broadband speeds, ranking 15th in the OECD. Compared with Canada, Japan’s downloading speeds are nearly 12 times as fast, France’s and Korea’s nearly six times as fast and Sweden’s three times as fast.

En milieu rural,  et surtout pour les régions éloignées des centres de services, l’accessibilité aux services par Internet constitue un facteur essentiel du développement économique et social.  Pourtant, l’accès Internet à haute vitesse n’est pas encore disponible sur tout le territoire du Québec, sur la Côte-Nord, en Gaspésie  et même dans certaines aglomérations de l’Estrie. Encore moins accessible sur l’ensemble du territoire canadien (env. 80% des communautés n’y ont pas accès).

Et pour ajouter à la somme des obstacles au développement de la nouvelle économie : la pratique de ralentissement délibéré du trafic (throttling), récemment autorisée par le CRTC,  par les géants des télécommunications.

Les consommateurs et le pouvoir des médias sociaux

La semaine dernière, Johnson & Johnson fait l’expérience de la force de frappe du web lorsqu’une campagne produit des échos négatifs parmi les consommateurs. La compagnie vient de retirer sa campagne de pub pour Motrin. Des blogueurs (et surtout des blogueuses) influents et les utilisateurs de Twitter ont, en quelques heures, fait monter la fièvre.

Dénonciation par blogueuse influente, Jessica Gottlieb, à Los Angeles.

Vidéo dénonciatrice sur Youtube construite sur les tweets envoyés par des mères en colères

La nouvelle est reprise et analysée dans Advertising Age (How Twittering Critics Brought Down Motrin Mom Campaign – Bloggers Ignite Brush Fire Over Weekend, Forcing to Pull Ads, Issue Apology) .

Repris également par Motherlode, un blogue du new York Times qui s’adresse aux mères.

Cette bévue du service du marketing est difficilement explicable, alors que des groupes témoins permettent de valider les concepts. Et que des outils participatifs web bien utilisés permettent à présent d’éviter ces catastrophes.

Mieux intégrer la cyberéconomie à l’économie globale

Le futur de l’économie Internet. Rapport de la réunion Ministérielle de l’OCDE, Séoul juin 2008.

La réunion précédente, sur le même thème, avait eu lieu à Ottawa en juin 1998. Contenu du document:

  • Mise en évidence des moyens pour stimuler le développement de l’économie Internet.
  • Proposition de principes directeurs pour élaborer des politiques et des pratiques pour préparer cette économie future.

Notés:

Défis du développement de l’économie Internet

  • Rendre l’Internet accessible à tous et partout.
  • Promouvoir l’innovation, la concurrence et le choix de l’utilisateur sur l’Internet.
  • Sécuriser les infrastructures d’information critiques et parer aux nouvelles menaces.
  • Assurer la protection des informations personnelles, le respect des droits de propriété intellectuelle et, de façon plus générale, un espace Internet sécurisé qui offre une protection aux individus, notamment aux mineurs et autres groupes vulnérables.
  • Promouvoir une utilisation sécurisée et responsable de l’Internet.
  • Créer un environnement qui encourage l’investissement dans l’infrastructure, des niveaux plus élevés de connectivité et des applications et services innovants.

Propositions concrètes que la classe politique aurait intérêt à bien intégrer

Propositions visant plus particulièrement les domaines de l’administration publique, de la santé et de l’information (technologie de l’information).

Nos fournisseurs de services de télécommunication devraient médités sur la section consacrée à  l’autonomisation des consommateurs (Les services de communication étant devenus plus complexes, il est de plus en plus difficile pour les onsommateurs d’évaluer et de comparer les offres.)

La neutralité technologique est essentielle pour le développement économique, n’en déplaise aux fournisseurs de plateformes logicielles et services de télécommunication. Dans le traitement des questions technologiques, favoriser la neutralité technologique, l’interopérabilité et l’élaboration de normes ouvertes.

Plus d’adresses IP pour plus d’accessibilité

Il n’y a pas que les numéros de téléphone qui s’épuisent. L’espace actuel d’adresses IP sera épuisé dans quelques années. Il doit être étendu pour permettre à des milliards d’individus et d’ordinateurs de se connecter à l’Internet, et par conséquent, à Internet de s’étendre et à la cyberéconomie de croître. L’OCDE a souligné la nécessité du déploiment d’un nouveau protocole Internet.

Modèles de distribution

Les stratégies et les modèles d’affaires conventionnels sont remis en question par l’évolution du web et de ses pratiques (ce n’est pas nouveau). Cette tangente est cependant encore plus perceptible par l’apparition d’applications et de services qui font appel au partage de données, au remixage d’application et, surtout à l’ouverture (code, contenu, plateforme, et même ouverture au plan organisationnel).

Cloud computing, communautique, concept centré sur l’utilisateur plutôt que le site, mobilité, widgets, etc.

Et tout récemment:

La plateforme Ubiquity (encore béta, remixer des application et les amener à soi plutôt qu’aller les chercher, créer son prore environnement sémantique);

Google Chrome (pousser l’outil de recherche le plus populaire pour mieux établir sa domination de la publicité sur le Web).

La distribution devient le mot clé. Billet de Dion Hinchcliffe (toujours très touffu, mais heureusement bien illustré). Voir notamment l’illustration The architecture of the Web is driving the evolution of potent new models for product distribution.

L’émergence de nouveaux modèles de distribution (non seulement de produits, mais de contenu) devrait entraîner des changements importants côté stratégie publicitaire sur le Web alors que les spécialistes en marketing peine déjà à saisir le Web.

Volets social et technologique du web 2.0

La dimension sociale du web, surtout dans une perspective d’usage corporatif du web 2.0, est encore oubliée ou sous estimée au profit de la dimension technologique. Cette dernière semble, il est vrai, plus facile à réaliser.

Enterprise value of online communities. Yet to be realized (Étude de Deloitte, juillet 2008)

Les initiatives de communautique ont un impact positif sur l’innovation et l’engagement des consommateurs et du personnel dans des échanges (la très recherchée « conversation »). Les résultats probants se font cependant attendre. Barrières les plus importantes:

Communautés mal gérées

Sous estimation des ressources, expertises et temps requis pour créer de la valeur pour les membres de la communauté.

Peu ou pas de stratégie

Moins de la moitié des initiatives sont sous la responsabilité des services de marketing.

Pas d’alignement des objectifs des initiatives et des indicateurs de mesure (on s’en tient aux statistiques de base: nombre de visiteurs, pages vues).

Recherche effectuée par la société conseil Deloitte auprès de 140 entreprises (plusieurs Fortune 100), de secteurs divers: manufacturier, logiciel, assurance, média, hôtellerie.

Don’t start with the technology; start with your customers and specific business goal

Blogue de Beeline Labs, co-auteur de l’étude Deloitte.

Many companies focus primarily on the “media” part of social media – should our CEO blog, do we need a blogging policy, do we need wikis for our customers, etc. That is why many marketing 2.0 strategies based on social media fail.

Put the needs of the community first

Dion Hinchcliffe: 12 Best practices for online customer communities.

Bell Canada et le ralentissement délibéré du trafic Internet

L’Union des consommateurs vient de joindre sa voix à celles de milliers d’individus et d’organisations au Canada pour dénoncer une pratique illégale de Bell Canada. Le CRTC a reçu la requête de l’UC.

Bell Canada, et bien d’autres fournisseurs d’accès Internet, sont pointés du doigt depuis plusieurs mois pour délibérément ralentir le trafic pour certaines applications (notamment le téléchargement de fichiers mp3 et de vidéos).

Dépôt de plaintes auprès du CRTC.

Vuze, une plateforme de téléchargement de vidéos (Bit Torrent) offre un plugiciel gratuit permettant de détecter les interruptions délibérées du trafic par les fournisseurs d’accès.

Révolution numérique et musique au Québec

Écho de la réflexion déjà entamée ailleurs dans le monde, sur la musique et la révolution numérique. Jean-Robert Bisaillon, musicien, éditeur, chroniqueur (que l’on peut lire sur Bandeapart.fm ou rencontrer sur My Space), publie Le petit guide Internet pour les auteurs et compositeurs. Ouvrage disponible, entre autres, sur le site de la Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec.

Éléments clés: désuétude du concept de l’album, disparition imminente du support CD, retard pris par l’industrie de la musique d’ici, trop préoccupée de protéger ses acquis, souvent au dépend des créateurs même.

Tendance lourde: fragmentation

Rapportée par eMarketer, une des transformations les plus profondes amorcée sur le net est la fragmentation de l’audience. Le défi, pour les réseaux publicitaires sera « the re-aggregation of a fragmented audience that’s actually watching different things. » Une approche beaucoup plus granulaire pour rejoindre les clientèles.

Fragmentation de l’attention et du contenu: découpage des fichiers vidéos en tranche de 15 minutes, distillation des communications au strict nécessaire, téléchargement de pièces musicale à la pièce, etc. Les Readers’ Digest ne sont pas morts.

Ubiquité aussi de notre présence sur le Net: mes affaires sur LinkedIn, ma vie sociale sur Facebook, mes images sur Fickr, mes dossiers sur Google Doc, etc…