Pourquoi s’investir autant dans la création et la production d’œuvres musicales et les laisser ensuite devenir graduellement invisibles sur le Web, une fois la campagne de promotion terminée ? Pourquoi laisser aux plateformes technologiques le soin d’identifier et de catégoriser les œuvres ? Pourquoi s’insurger d’une part contre la copie illégale et de l’autre, diffuser des fichiers audio sans données détaillées sur les créateurs et les détenteurs des droits ?
Ces questions surgissent depuis que je contribue à des projets de valorisation de métadonnées dans le domaine de la culture. Ce sont également des enjeux vitaux pour la présence numérique de la musique créée et produite au Québec, Ce sont ces même raisons qui m’amenaient à assister à la présentation de Jean-Robert Bisaillon, lors du MusiQClab du 28 janvier dernier, à Montréal.
Initialement publié dans le blogue de Direction informatique, le 7 décembre 2015.
Le plus grand défi imposé par la révolution numérique aux industries culturelles et créatives n’est pas de nature technologique mais organisationnelle. Nous ne voyons encore que trop peu d’expérimentations hors des modèles de création et de distribution traditionnels. Qu’est ce qui retient nos entreprises culturelles?
Lors du Sommet sur la découvrabilité, qui était organisé par le CRTC et l’ONF et qui avait lieu à Montréal la semaine dernière, j’ai eu l’impression qu’il fallait encore convaincre les participants que les changements qui bouleversent leur univers sont, non seulement irrémédiables, mais qu’ils s’accélèrent. Pourtant, nous ne sommes plus uniquement en présence de nouveaux usages numériques, mais d’une nouvelle génération de « consommacteurs » autour desquels s’élaborent des services et des outils. Un public plus difficile à joindre et qui a sa propre grammaire, comme le mentionnait Suzanne Lortie, professeur et directrice du programme en stratégie de production culturelle et médiatique à École des médias de l’UQAM, en parlant des YouTubers, ces jeunes créateurs de contenus qui sortent des codes habituels de l’audiovisuel et ont des succès d’audience.
Il y a pourtant plusieurs années maintenant qu’ont été publiés les rapports du CALQ et de la SODEC sur le nécessaire virage numérique. Il est donc fort probable que tous étaient déjà bien au fait des transformations qui affectent la création, la distribution et la consommation de contenus culturels. C’est pourquoi les conférences qui composaient la première partie de l’événement n’ont pas déclenché d’électrochoc mais ont rappelé l’urgence d’agir face à des écosystèmes et des modèles qui se mettent en place en ne nous laissant qu’un rôle de fournisseur de contenus.
La table ronde qui réunissait des experts, praticiens et enseignants a permis d’entrevoir, trop brièvement, ce qu’un réseau de compétences et d’expériences diversifiées pourraient apporter à des projets novateurs. Ces « partenariats improbables » évoqués par Sylvain Lafrance, professeur à HEC Montréal et ancien vice-président exécutif de Radio-Canada, ne seraient-ils pas plutôt des alliances naturelles dont on a ignoré le potentiel ?
Face au rouleau compresseur culturel des grandes plateformes numériques ne faudrait-il pas développer un réseau de partenaires afin de miser sur la mutualisation de ressources et de compétences? Et, pourquoi, tel que le suggérait le conférencier principal et consultant en nouveaux médias, Pascal Lechevallier, ne pas établir des partenariats à l’échelle de la francophonie ? C’est cette même ouverture sur le monde et les marchés francophones, que réclamait Jean-Daniel Nadeau, journaliste au Devoir, en dénonçant la myopie des médias, à la suite du Congrès de la fédération des journalistes du Québec.
Ces questions avaient pourtant déjà été soulevées en 2012, lors d’un forum France-Canada sur les enjeux des contenus numériques, organisé par le Conseil des technologies de l’information et des communications. Plusieurs des participants au sommet de la semaine dernière y étaient d’ailleurs présents.
Le véritable défi pour les contenus culturels à l’ère numérique est de sortir d’un modèle de création et de production qui n’est plus supporté par l’écosystème. Comme je l’ai démontré dans un billet précédent, la vraie nature du changement est culturelle: il faut abattre les silos disciplinaires et organisationnels pour connecter nos réseaux de compétences et mettre en commun nos savoirs.
Ce sont les réseaux collaboratifs qui permettent de décoder les signaux faibles du changement, de varier les perspectives sur une problématique et d’élaborer un prototype de solution. Pourquoi des organisations qui ont des enjeux communs ne collaboreraient-elles pas ensemble pour expérimenter des solutions? Parmi nos créateurs et nos entreprises culturelles, quels sont ceux et celles qui rechercheront ces « partenariats improbables »?
Pressentant la schizophrénie du Net, j’ai récemment suspendu mes activités sur mon carnet de notes, Delicious, Netvibes et Twitter. Une pause qui vient à point après quelques années d’usage du Web social (et une nouvelle vie professionnelle plutôt bien remplie).
Quelle valeur pour moi ? Pour les réseaux auxquels je participe ? Quel cap maintenir au fil de mes sérendipiteuses lectures ? Comment donner une perspective qui fasse du sens dans des thématiques qui s’entrecoupent ?
Schizo des réseaux sociaux ?
Heureux hasard, j’ai trouvé ce matin, cet article de Nova Spivack qui fait contre-point à mon questionnement: Shareapocalypse Now. En quelques mots, voici son constat (également exprimé par de nombreux acteurs de l’évolution du Net).
Il faut remédier au nouveau mal des réseaux… Sharepocalypse
/…/online friends share content with us across various social networks, culminating in massive information overload. Our lives will become more fragmented, we will lose productivity, and we’ll perpetually be playing catch up.
…conséquence de la surabondance de réseaux, de plateformes, de cercles, bref, de silos… Choice overload
Nobody is going to know where to share or where to look.
…Nova Spivak nous souhaite vivement la création de nouveaux services… Social assistance
/…/ the opportunity to access and use social media messages in a unified way. This approach is different from the vertical social assistance approach because it would span across all networks.
LA question
Will we see the social networks connect into a common fabric anytime soon?
Les startup qui planchent sur cet enjeu ont de l’avenir.
J’ai attribué à ce billet le mot clé « ubiquité », capacité d’être en plusieurs lieux simultanément, dans une logique de classement au second degré.
Lorsqu’on consulte régulièrement les offres d’emploi dans le secteur de l’Internet, on comprends pourquoi la plupart des sites Internet sont si mal conçus.
Dans la série des nouveaux métiers du Web, voici le couteau suisse des projets Internet dont le libellé d’emploi est laissé à la créativité des responsables des ressources humaines. L’exemple ci-dessous porte un titre fourre-tout: spécialiste Web et nouveaux médias.
De l’analyse de marché à la production de vidéo, en passant par la conception du site et son référencement, il se trouvera toujours quelqu’un pour tout faire, mais cette personne pourra-t-elle tout BIEN faire ?
Combien de compétences sont-elles réunies dans cette description de poste ?
Extrait d’une offre d’emploi actuellement publiée sur le site Jobboom.
Principales (!) responsabilités:
Responsable du maintien de l’image de marque [nom de l’entreprise] ainsi que toutes autres normes et initiatives orientées au marketing Web (on en peut plus vague)
Gestion, conception et supervision du site Internet, incluant le placement de contenu, la création de nouvelles pages et formulaires Internet (texte/graphiques)
Promotion, conception et mise en œuvre des améliorations continues au site Internet [nom de l’entreprise] et aux programmes liés au marketing Web incluant l’optimisation du site, les stratégies de référencement et d’analyse
Création de plans d’affaires et propositions pour des projets liés au marketing en ligne, tels que la refonte du site Internet, l’intégration de nouvelles plateformes ou technologies, etc.
Gestion des placements payants et du référencement organique liés aux moteurs de recherche (SEM)
Création et gestion de rapports analytiques pour les programmes et stratégies liés au marketing en ligne, dont l’analyse de site Internet, les campagnes, le placement publicitaire, la présence dans les médias sociaux, etc.
Soutien à la production et création de distribution du journal trimestriel et autres envois de courriels de masse
Création de vidéos et de présentations PowerPoint pour le département de marketing et les autres studios
Suivi et création de rapports sur les nouvelles tendances du marketing en ligne et sur la présence des concurrents
Mise à jour des ‘blogs’ de l’entreprise ainsi que des comptes sociaux, tels que Twitter, Facebook, Flickr et YouTube
Toute autre fonction de gestion de projets et conception marketing, au besoin.
La formation exigée est à l’image de la description de tâches : n’importe quoi.
Baccalauréat, ou l’équivalent dans une discipline connexe.
Mieux connaître les métiers du numérique
La révolution numérique change irrémédiablement les pratiques professionnelles, notamment en marketing, en informatique et en gestion.
À quand une mise à jour des connaissances des responsables des ressources humaines, des agents de recrutement et des services d’emploi des gouvernements du Québec et du Canada ?
Un site Internet : un investissement ou une dépense ?
Ceci démontre également qu’une présence numérique n’est pas un investissement pour la plupart des entreprises, mais une dépense qu’il faudra consentir de temps à autre (refonte, le plus souvent, cosmétique).
Combien d’entreprises mesurent le rendement de leur investissement de leur présence numérique ?
Les stratégies et les modèles d’affaires conventionnels sont remis en question par l’évolution du web et de ses pratiques (ce n’est pas nouveau). Cette tangente est cependant encore plus perceptible par l’apparition d’applications et de services qui font appel au partage de données, au remixage d’application et, surtout à l’ouverture (code, contenu, plateforme, et même ouverture au plan organisationnel).
Cloud computing, communautique, concept centré sur l’utilisateur plutôt que le site, mobilité, widgets, etc.
Et tout récemment:
La plateforme Ubiquity (encore béta, remixer des application et les amener à soi plutôt qu’aller les chercher, créer son prore environnement sémantique);
Google Chrome (pousser l’outil de recherche le plus populaire pour mieux établir sa domination de la publicité sur le Web).
L’émergence de nouveaux modèles de distribution (non seulement de produits, mais de contenu) devrait entraîner des changements importants côté stratégie publicitaire sur le Web alors que les spécialistes en marketing peine déjà à saisir le Web.
Suite du billet précédent sur la portabilité des données. Très peu de temps après que Robert Scoble ait tenté, avec l’aide de Plaxo, de recueillir toutes les données personnelles des membres de son réseau social sur Facebook, cette dernière annonce qu’elle se joint à dataportability.org.
Clé d’accès universelle
OpenId, le standard d’identification déjà supporté par de gros joueurs comme WordPress et Yahoo! aurait gagné Google, IBM et Verisign.
Robert Scoble, ex-blogueur vedette de Microsoft et co-auteur de Naked Conversations: How Blogs are Changing the Way Businesses Talk with Customers, s’est vu retirer son compte de Facebook pour avoir tenter de récupérer les données relatives à son réseau social pour les déménager.
Depuis, il appuie publiquement Dataportability.org, un organisme qui fait la promotion de l’universalité (ou omniprésence) du partage et du remixage de données.