Envieuse du Apps Store de l’iPhone et du Kindle d’Amazon, l’industrie des médias attend beaucoup des développements technologiques qui lui permettraient de maintenir son modèle d’affaires traditionnel, basé sur le contrôle de la distribution et de la relation avec les lecteurs.
Une des solutions en vue : contrôler la distribution par l’intermédiaire du support.
Retour à l’impression
Les abonnés du Denver Post pourront imprimer leur version personnalisée du journal. Inspiré par le modèle des manufacturiers d’imprimantes et des entreprises de télécommunications (fournir le support pour facturer le bien/service consommable), le journal croit que les abonnés seront ravis d’obtenir une imprimante à rabais (rabais que le manufacturier compensera par la vente des cartouches d’encre). Aucun détail n’a été oublié:
« We’ll know when the printer is running low on ink, » Vandevanter said, « and we’ll know how much was used to print the I-Edition. » He added, « We’re not going to pay for the ink for you to print out your novel. »
MediaNews to Begin Customized Printing in Denver Homes Next Week
Annoncée, à tort, comme un outil de micro-édition alors qu’il s’agit d’un service d’impression sur demande, l’Espresso Book Machine est une imprimante-relieuse qui permet de reproduire les ouvrages du catalogue auquel elle est reliée. Comme d’autres bibliothèques universitaires au Canada, la bibliothèque de l’Université McGill pourra mettre à la disposition des chercheurs sa collection de documents anciens dont elle a, d’ailleurs amorcé la numérisation. Cette technologie ne permet maleureusement pas d’exploiter les avantages de la numérisation des documents (recherche dans le texte et sur le Web, annotations, partage de notes).
Le règne de la micro-édition est-il arrivé ?
Contrôler le réseau (et les lecteurs)
La liseuse Kindle est l’outil de distribution d’une entreprise commerciale (Amazon). Le concept repose sur le contrôle de l’accès, de la présentation et de l’utilisation : le contenu est indissociable du contenant. Il n’est pas possible de lire un ouvrage acheté avec le Kindle sur un autre support, pas plus qu’il n’est possible de l’annoter ou d’en partager un extrait avec d’autres.
Comme le rapporte Jeff Jarvis dans sa chronique publiée par The Guardian, News matters so much more than what delivers it :
The problems with the Kindle could be – and no doubt will be – solved. The reader works wonderfully for books. But it also tries to turn a newspaper into a book, starting us on the first page of the first story and nudging us through its awkward user interface to proceed a page-turn at a time through the entire product, as we used to on paper. The digital among us, however, no longer read news in this way. Online, we search and link and flit and explore. We are in control of the experience, not some editor somewhere.
L’industrie en état de déni
L’industrie est en état de déni et refuse le changement.
Rupert Murdoch, propriétaire du groupe média News Corp., fait clairement connaître ses intentions quant à la distribution de ses contenus.
I can assure you we will not be feeding our content rights to the fine people who created the Kindle. We will control the prices for our content and we will control the relationship with our customers. Any device maker or website which doesn’t meet these basic criteria on content will not be doing business long-term with News Corporation.
News Corporation F3Q09 Earnings Call Transcript
****Pour comprendre les craintes de Mr. Murdoch face à Amazon, voir le billet de Joe Wikert qui explique pourquoi on trouve encore peu de magazines sur la liseuse Kindle : Getting More Magazines on the Kindle. Il raconte également comment son employeur, O’Reilly Media, trouve son compte avec Amazon.
Pas de solution miracle
Mais voilà, il n’y a pas de solution miracle. Toujours Jeff Jarvis, précédement cité.
But no single gadget will be their saviour. None will bring back the good old days – if they were that – of news and the world delivered in neat little packages we paid for.
L’innovation s’est aussi l’adaptation au changement
Comme la plupart des observateurs de l’industrie le soulignent depuis déjà longtemps, il ne s’agit pas de la mort des médias mais d’un changement de paradigme qui rend obsolètes leurs modèles d’affaires actuels (et ceux de bien d’autres industries, à long terme). L’industrie doit tenir compte des règles de ce nouveau pradigme pour innover.