Robert G. Picard, un expert des modèles économiques de l’industrie des médias, dénonce les « fermes de contenu », ces entreprises qui ont pour unique objectif d’attirer des visiteurs pour générer des revenus publicitaires.
These enterprises are providing high quantity, low quality material on topics designed to produce many search hits and driven by the desire to make money from advertising received as high traffic sites. Some are proving quite successful.
Figurant parmi les 25 sites les plus visités, ces entreprises utilisent des milliers de pigistes sous payés et peuvent publier 4 000 articles par jour.
These producers and a whole range of similar organizations are producing material in content farms that rely on freelancers who are paid as little as $1 an article or get no payment except for number of page views for their specific work. It is a throwback to the penny-a-word days of journalism in the 19th century.
Ce tiers-monde des médias compte de grands groupes de presse parmi ses clients. C’est une véritable industrie du contenu : les revenus publicitaires passent avant la qualité de l’information. Un modèle d’affaires qui n’est pas confiné au territoire américain.
BBC Learning recognises that the interpretation of open data is an increasingly important skill for us all and expects the site will appeal to audiences interested in data visualization in general, digital art and design, those interested in the BBC and those looking at data visualization from an educational perspective.
L’interprétation des données de sources publiques est une compétence émergente qui est appelée à prendre de plus en plus d’importance.
Parallèlement, la représentation visuelle des données, dans un but à la fois esthétique et informatif, est un champ de pratique qui obtient une reconnaissance croissante. Voir la conférence SEE#5 sur la visualisation de l’information. On y retrouve des spécialistes des domaines suivants: architecture de l’information, technologie de l’information, design et art.
Visualisation et interprétation des données
Il n’est pas étonnant que les médias s’intéressent à une toute autre forme d’exploitation de leurs données que celle qui repose sur la valeur économique des données factuelles. Exemples de la BBC :
Parrainé par le réseau BBC Backstage, DataArt soutient les projets technologiques et artistiques qui utilisent le croisement des données publiques de la BBC avec les données publiques d’autres sources.
4 projets en cours:
Flared Music: illustration des relations entre les musiciens de la base de données BBC Music / Musicbrainz.
3D Documentary Explorer: narration interactive à partir de sources vidéos.
SearchWeb: exploration du contenu web de la BBC par la génération d’arborescences (liens entre pages dont le contenu est pertinent à la recherche)
News Globe: cartographie des informations de BBC News & Sports sur un globe terrestre en 3 dimensions.
La 5e conférence sur la visualisation de l’information aura lieu à Wiesbaden, en Allemagne, le 17 avril. Tous les billets sont déjà vendus, mais les présentations sont diffusées en temps réel et seront accessibles dans les archives du site de l’évènement.
Résultats d’une enquête à laquelle ont participé 665 magazines aux État-Unis. Les réponses démontrent, entre autres, que le mode de gestion et le processus décisionnel de l’éditions imprimée ne conviennent pas à l’édition web.
Quelques résultats:
Compétences web
En général, l’édition en ligne est tributaire des décisions de l’édition imprimée. La profitabilité de l’édition en ligne est directement liée à l’indépendance de sa rédaction (tant pour les décisions de nature éditoriale que budgétaire.)
La plupart des employés n’ont aucune expérience web préalable.
Qualité du contenu
Les éditions sont beaucoup moins pointilleuses quand il s’agit de contenu en ligne que pour leur produit imprimé (le contenu fait l’objet, en général, de beaucoup moins de révision et de validation).
Originalité
La raison la plus fréquemment invoquée pour publier sur le site un contenu déjà paru en version imprimée est le recyclage.
Stratégie publicitaire
Dans la plupart des magazines, l’édition imprimée et en ligne partage le même service de ventes publicitaires. Pas étonnant que les stratégies publicitaires des sites soient si mal adaptées au web.
Modèles économiques
Un tiers seulement des sites de magazines font des profits.
L’offre gratuite de contenu en ligne n’a pas nécessairement d’effet négatif sur la rentabilité des magazines.
Manque de planification
20% des magazines ne savent pas s’ils font ou non des profits.
Ceci permet de confirmer ce qu’on avait deviné (et expérimenté au cours de projets web avec des groupes média): il n’y a pas de réelle stratégie, ni de planification (et encore moins d’analyse coût-bénéfice) derrière la présence web de la plupart des magazines.
Le travail du concepteur-rédacteur web (connoté publicité, communication, marketing) est mieux rémunéré que celui de journaliste. Aurélie Bernard, rédactrice web, effectue d’intéressantes recherches en rémunération : tarifs recueillis auprès de rédacteurs et journalistes pigistes (France).
Point intéressant : les nuances, tant pour la perception des clients que pour la rémunération, entre le concepteur-rédacteur et le journaliste.
Le iPhone a habitué ses utilisateurs à payer pour l’accès au contenu. Ceux-ci sont donc plus enclins à débourser 1,99 dollar par année pour une application présentant des contenus exclusifs. Exemple de l’application de Sport Illustrated pour iPhone: un utilisateur sur trois achète du contenu additionnel.
Point intéressant : les consommateurs de contenu payant ne constituent pas une meilleure audience pour les publicités en ligne. La stratégie publicitaire du journal ne sera donc pas liée au modèle d’abonnement.
Article du Devoir sur le juste prix à payer pour voir un contenu vidéo (émission de télévision en rediffusion sur le web). Un prix ne dépassant pas les 3 dollars peut-il couvrir la production de contenu créatif?
Point intéressant : même s’ils ont un faible pour la gratuité, les consommateurs sont prêts à payer pour des contenus. Ces derniers sont, dans l’ordre : les films, la musique, les vidéos professionnels (émission de télévision?), les journaux.
Les maisons d’édition jugent les attentes des consommateurs irréalistes lorsque ceux-ci estiment que la numérisation devrait entraîner une baisse considérable du prix des livres. L’éditeur de la revue The Atlantic dresse une liste des coûts de production d’un livre; liste dans laquelle les frais de représentation (repas et évènements) occupent la plus large part.
La révolution numérique a changé et changera encore nos habitudes de consommation des contenus informationnels.
Trois axes de développement pour les plateformes web des médias:
♦ Mobilité
♦ Personnalisation
♦ Participation
Deux tendances qui ont façonnées le nouveau comportement des consommateurs:
Réseau social = méta filtre
First, the advent of social media like social networking sites and blogs has helped the news become a social experience in fresh ways for consumers. People use their social networks and social networking technology to filter, assess, and react to news.
Mobilité = information en temps réel
Second, the ascent of mobile connectivity via smart phones has turned news gathering and news awareness into an anytime, anywhere affair for a segment of avid news watchers.
ou quand l’expérience de l’utilisateur est limitée au feuilletage des pages (son en option).
Comme certains quotidiens (Le Devoir, La Presse), Le journal Les Affaires est à présent disponible en format numérique. Un modèle d’édition à sens unique où l’utilisateur interagit avec les contenus, mais jamais avec les autres utilisateurs. Ce modèle présente l’avantage de contrôler la diffusion de contenu, mais réduit considérablement l’expérience utilisateur. La version papier traditionnelle se révèle tout à coup beaucoup plus utile pour partager et signaler des contenus et pour les annoter.
Les versions numérisées des journaux et magazines sont fermées. Elles permettent de perpétuer un vieux modèle économique basé sur le contrôle, la rareté et la communication unidirectionnelle. Un mirage pour les entreprises qui espèrent toujours un retour au bon vieux temps : les consommateurs de l’ère numérique ont de nouvelles attentes qui ne sont pas du tout en phase avec l’ancien modèle (abondance de contenu, ouverture, personnalisation, partage, réutilisation, interopérabilité).
Mentionnant une vidéo de Wired Magazine, qui présente sa vision du futur du magazine, Mitch Joel a demandé à ses lecteurs: est-ce cela le futur de l’édition ? (Is this the future of publishing?)
Dans cette vidéo, le directeur de la création, évoque un magazine qui utilise savamment le site web de la publication comme une extension de la marque et comme un enrichissement de l’expérience média.
Une prise de position audacieuse et décidément en dehors du credo habituel des entreprises d’édition menacées par le web. Des idées rafraîchissantes qui démontrent que Wired se prépare à saisir les opportunités offertes par le changement plutôt que de se battre contre celui-ci.
Premium est un nouveau magazine que les Éditions Transcontinental destinent aux gens d’affaires. Qu’est ce qui cloche ?
Un concept qui ignore la montée en puissance de l’information et de la rétroaction en temps réel ?
L’impression que la version numérique ne sera pas différente de la version imprimée ?
Un modèle de communication unidirectionnel où la rédaction s’adresse à un lectorat passif ?
L’insistance sur les prestigieuses sources d’information et l’aspect luxueux du magazine qui destine celui-ci à finir en évidence sur une crédence, dans le bureau du PDG ou dans la salle d’attente ?
On ne peut que constater le retard de l’industrie de l’édition au Canada, sur celle des États-Unis ou de l’Europe dans l’espace numérique. Constat similaire pour ce qui est de la présence des entreprises et commerces sur le web qui a suscité une lettre ouverte au premier ministre du Québec.
Laquelle de ces deux visions présente le plus d’opportunités pour le futur de l’édition ? Certainement pas celle de Transcontinental. Ce magazine permettra probablement de générer des revenus, à court terme, mais ne constitue pas un positionnement stratégique, à long terme, auprès des consommateurs de l’ère numérique.
L’intégralité du rapport de Frédéric Filloux sur l’AFP sur bakchich.info.
Dans le contexte de l’adaptation des modèles économiques des médias, comment rendre indispensable une agence de presse ? Frédéric Filloux explore de nouveaux modèles d’affaires pour les agences de presse qui souhaitent adopter une position concurrentielle de fournisseurs de contenu.
État de la situation et proposition de recentrer l’agence sur ses compétences motrices: faire moins pour faire mieux.
Un des défis : s’aligner sur les besoins d’une clientèle plus exigeante (entre autres: services personnalisés, mobilité, moteurs de recherche plus performants).
Y a-t-il encore de la place pour ce type d’intermédiaire dans les nouveaux modèles économiques des médias ?
Les médias traditionnels, trop dépendants, des revenus publicitaires, doivent se repositionner sur la chaîne de valeur et développer de nouveaux services pour les entreprises et consommateurs.
La tendance: expérimentation de stratégies mixtes
Tout comme le constatait l’AFP, dans un rapport publié tout récemment, le principe du contenu payant et financé par des revenus publicitaires est sérieusement ébranlé. La majorité des acteurs internationaux de l’industrie expérimente de nouvelles approches. Cependant, à l’image du nouvel écosystème de l’information, fragmenté et changeant, la mixité et le dosages des différentes stratégies est un exercice complexe.
Le poids de la tradition
Le changement se révèle plus difficile pour certains. Les médias de la presse auront plus de difficulté à se détacher du modèle payant pour explorer d’autres avenues.
/../ les médias de la presse restent encore largement attachés au modèle payant (48% des répondants) . Au contraire, les acteurs du web, bénéficiant dans une certaine mesure du transfert des investissements publicitaires sur le Net, favorisent les stratégies mixtes (41%) et le gratuit financé par la publicité (41%).
Troquer la publicité pour le commerce
En écho au rapport de l’AFP, un article du magazine FolioMag fait un retour sur Media Dealmakers Summit 2010 qui avait lieu le 4 février dernier. Where We Go From Here: Content and Commerce fait état de l’expérimentation de nouveaux modèles d’affaires, incluant les contenus fermés (pay walls).
Le iPad est-il une autre bouée de sauvetage à laquelle le tenants du contenu payant peuvent s’accrocher ?
Les industries du contenu qui nagent à contre courant des changements technologiques et sociaux, pensent-elles avoir trouvé le moyen de convaincre les internautes de payer pour accéder à du contenu ?
Dématérialisation et perte de contrôle
Il est difficile pour certains industriels d’accepter les effets de la dématérialisation du contenu. En effet, les œuvres littéraires, musicales, cinématographique et autres ne sont plus indissociables de leur support (livre, disque, pellicule, journal, etc.).
Solution miracle ?
Tel que mentionné antérieurement dans un de mes billets, Résistance au changement et solutions miracle, l’une des solutions la plus en vue est d’utiliser un support physique pour contrôler l’accès au contenu (cas du journal qui fournit une imprimante avec l’abonnement à son édition numérique).
Envieuse du Apps Store de l’iPhone et du Kindle d’Amazon, l’industrie des médias attend beaucoup des développements technologiques qui lui permettraient de maintenir son modèle d’affaires traditionnel, basé sur le contrôle de la distribution et de la relation avec les lecteurs.
Modèle avantageux pour qui ?
Le modèle économique basé sur le contrôle de l’accès au contenu par le biais d’une technologie de distribution (Apple/iTunes pour les iPod et iPad; Amazon pour le Kindle) peut cependant s’avérer beaucoup plus payant pour le propriétaire de la plateforme que pour le producteur de contenu.
De plus, le producteur met un intermédiaire entre lui et sa clientèle, alors que la relation et la proximité avec la clientèle sont essentiels au marketing social.
Web 2.0 , vraiment ?
Comme l’a si bien formulé un commentateur sur Twitter : iPad est un outil de consommation, pas un outil de production. Comme bien d’autres, un chroniqueur du New York Observer, fait remarquer qu’il s’agit plus d’un « theyPad » qu’un iPad, en démontrant la faiblesse de ses fonctionnalités participatives.
The iPad’s panoptical physical openness is also a step into a future where there is no longer the pretense of wise crowds. Rather, we are at the mercy of digital elites who impose their products and values on a crowd that is infinitely malleable and manipulable. Carrying our new tablets under our arm, able to use them to consume but not to create—to receive, but not to retort or dissent—we are all members of the new Consumertopia. It may be a flashy new wilderness, but it’s a wilderness nevertheless.
Un point de vue radical, mais qui expose cependant des ambitions de contrôle qu’on attribue plus souvent à Microsoft qu’à Apple.
Mais sommes-nous réellement passés d’une culture de consommation de contenus à une culture de création de contenus ?
Se priver de l’effet de réseau
Se limiter aux applications c’est délaisser les avantages de l’Internet: diversité, sérendipité, dissémination et de là, se priver de l’effet de réseau. À ce propos,voici un billet de Florian Sauvageau, publié sur le blogue qu’il tenait lors de la production du documentaire « Derrière la toile, le quatrième pouvoir » :
Je relis souvent des données ou des explications que j’ai déjà lues.On cite souvent les mêmes personnes. Mais je peux difficilement ne pas les lire, de crainte de perdre une explication qui me permettra de mieux comprendre l’ensemble de la crise profonde qui transforme le monde du journalisme ici comme ailleurs. Curieux paradoxe enfin, l’immense majorité des articles que je consulte sur Internet proviennent de journaux ou de magazines-papier,qui sont les meilleurs analystes de leur propre infortune.