Tous les articles par Josée Plamondon

Le paradoxe de l’entreprise 2.0

Les caractéristiques culturelles du web social sont-elles essentielles au succès des réseaux sociaux en entreprise ?

De nouveaux titres d’emploi liés au web social en entreprise fleurissent sur le web***. Il est cependant difficile d’ignorer le fossé culturel qui sépare les réseaux sociaux des entreprises.

Structure hiérarchique / Structure organique

Entreprise: structure hiérarchique. Chacun des membres du personnel occupe une position définie à l’avance dans cette structure.

Réseau social: structure organique, reposant sur les relations que les individus établissent entres eux, à leur guise (demande d’ami, création de groupes).

Supérieur désigné / Leader naturel

Entreprise: autorité attribuée à certains employés selon les règles internes d’évaluation et de promotion.

Réseau social: selon leur notoriété (popularité) ou leur autorité (expertise, capital de confiance), les leaders émergent naturellement d’une communauté d’intérêt.

Communication canalisée / Communication multidirectionnelle

Entreprise: la communication est canalisée et, même si les membres du réseau ont la parole, elle revient avant tout aux professionnels la communication, des relations publiques ou du marketing.

Réseau social: les membres initient des conversations multiples et simultanées.

Encadrement / Autonomie

Entreprise: chacun des membres du personnel a des responsabilités, une description de tâches et des objectifs qui sont alignées sur les objectifs de productivité de l’entreprise.

Réseau social: la participation des membres est volontaire et chacun utilise le réseau comme il l’entend et peut même en faire un usage autre que celui suggéré.

Éviter le choc des cultures

Si le web social en entreprise semble paradoxal, il n’est probablement pas utopique. Une entreprise qui ferait les efforts d’adaptation nécessaires à l’implantation et au déploiement de son réseau social aurait plus de chances d’obtenir des résultats.

Sinon, il faudra attendre que la pression soit plus forte (voir billet Les cultures d’entreprise changeront (malgré elles) ).

***Série Nouveaux métiers: gestionnaire de communauté, directeur des réseaux, directeur de l’innovation.

Nouveaux métiers – Gestionnaire de communauté

La traduction de ReadWriteWeb.fr  du terme Community Manager est Manager de communauté. Nos cousins français puisent abondamment dans la langue anglaise lorsqu’ils parlent affaires.

Une nouvelle description de poste correspondant à l’émergence du web social en entreprise. En fait, pour paraphraser Bertrand Duperrin qui sait si bien s’adresser aux entrepreneurs et gestionnaires , ne s’agirait-il pas plutôt de la socialisation de l’entreprise ?

ReadWriteWeb a consulté différents experts du Web et publié un guide sur la gestion des communautés et le profil du gestionnaire de communauté en entreprise. Ce rapport, publié par Marshall Kirkpatrick, rassemble des avis, parfois divergents, sur le rôle et les interventions du gestionnaire de communauté, ainsi que sur le futur de cette fonction en entreprise.

Développement organique

Les enjeux sont complexes puisqu’il s’agit de faciliter l’émergence, puis la croissance  et le maintient d’une communauté constituée à partir d’une audience interne (employés) et externe (clients, partenaires). Ce développement est organique et ne résulte pas d’une recette miracle.

Voici la définition succincte du poste:

un mana­ger de com­mu­nauté est quelqu’un qui com­mu­nique avec les clients/utilisateurs, l’équipe de déve­lop­pe­ment, les diri­geants et les action­naires afin de cla­ri­fier et d’optimiser le tra­vail et les apports de cha­cun. Il par­ti­cipe acti­ve­ment – voir exclu­si­ve­ment – au ser­vice client, cherche et met en valeur les cas d’école et les témoi­gnages uti­li­sa­teurs autour d’un pro­duit, peut être amené à faire l’approche ini­tiale d’un pros­pect ou d’un par­te­naire, et accroit la visi­bi­lité de l’entreprise pour laquelle il travaille.

Cohérence de la communication

Les avis divergent quant à la nécessité, pour l’entreprise, de compter ce type d’expertise parmi ses salariés ou d’attribuer le poste à un individu en particulier. Mais tous reconnaissent le besoin de soutenir et d’entretenir la loyauté envers la marque (clients) et envers l’entreprise (employés).

Dans bien des cas, le mana­ger de com­mu­nauté est l’évangéliste des pro­duits et ser­vices de la société, ainsi que la voix des uti­li­sa­teurs et clients en interne. C’est une tâche cri­tique que de savoir répondre à temps, de façon cohé­rente et adap­tée aux pro­pos qu’un uti­li­sa­teur tien­dra publique­ment : ce rôle est dif­fi­cile à com­prendre vu de l’extérieur de l’entreprise /…/

Qui doit prendre la parole ? Un communicateur, un cadre ou un salarié (ex.: chez un éditeur de logiciels, un programmeur qui connaît bien le produit) ?

En avoir pour son argent

Le rapport aborde également les aspects plus matérialistes de cette réflexion qui n’ont pas été abordés dans les autres définitions de postes repérées (Directeur des réseaux, Directeur de l’innovation), soit le rendement sur investissement pour l’entreprise qui crée un tel poste et la rémunération du titulaire du poste.

Nouveaux modèles d’affaires: les médias sont-ils bien conseillés?

Les médias sont-ils bien conseillés sur les nouveaux usages et les opportunités du web ? Ou, comme bien d’autres entreprises, sélectionnent-ils des experts-conseil qui partagent la même vision qu’eux ?

Un débat intéressant, cette semaine, au sujet de l’économie de liens, met en évidence certaines lacunes qui sont plutôt gênantes pour un conseiller qui aide les médias à sortir de la crise.

Dans un article, The Fallacy Of The Link Economy, Aron Miskin prétend que l’économie de liens n’est qu’une illusion entretenue par les agrégateurs de contenu pour utiliser gratuitement l’information dans le but de générer des revenus publicitaires.

M. Mishkin, qui a été un expert du web pour le Boston Consulting Group, conseille l’agence Associated Press dans les négociations que tente de mener celle-ci avec Google concernant la monétisation des liens que l’agrégateur de nouvelles fournit aux internautes.

Le problème vient des autres (plus opportunistes)

Selon Aron Mishkin, si les sites des journaux peinent à générer du trafic qui leur rapporte, c’est que les consommateurs ne lisent plus que les titres ou qu’ils sont détournés par les agrégateurs de contenu. Même logique nombriliste et déficiente que celle des industriels de la musique : si les ventes baissent c’est uniquement dû au piratage. Pendant qu’elle cherche des coupables, tout un écosystème de production et de distribution est en train de changer et s’organisera différemment avec des partenaires inventifs.

Rien n’a changé avec le web

Aron Mishkin a une perception erronée du comportement des internautes parce qu’il se réfère à un paradigme qui ne tient plus la route (voir La logique de l’abondance). Les internautes consomment une grande quantité d’information, et pas uniquement des titres. Ils ont accès à des sources d’information en croissance exponentielle . De plus, s’ils ne cliquent pas certains liens c’est que le sujet ne les intéressent pas ou qu’il n’est pas présenté de façon intéressante.

Les internautes sont manipulés

Autre élément qui démontre à quel point M. Mishkin est déconnecté des consommateurs (le principal marché des médias se sont les annonceurs, et non les lecteurs):

Others will say that the site that gets linked to can keep the user using the site. But the opposite is happening – users are being trained to increase their usage of (and thus value to) the linker rather than the creator .

Argument méprisant pour les internautes qui seraient dressés à utiliser les agrégateurs (Google, Digg et même, certains blogueurs). M. Mishkin aurait intérêt à comprendre les nouveaux usages et la culture du web pour mieux conseiller ses clients. Les agrégateurs sont des outils appréciés (kiosque à journaux virtuel) et certains blogues contribuent de façon significative au trafic sur certains articles de journaux parce qu’ils ciblent une audience intéressée et qu’ils constituent une recommandation fiable et reconnue parmi les membres d’une même communauté d’intérêt.

Les habitudes de la vieille économie

Jeff Jarvis, ciblé par l’article d’Aron Mishkin, répond avec On the link economy, aux arguments avancés par M. Mishkin en les reprenant un à un. Voir, parmi les commentaires, celui de M. Mishkin qui répond à Jeff Jarvis en s’adressant à lui à la troisième personne, comme dans le courrier des lecteurs d’un journal. Aron Mishkin n’a pas saisi le concept de conversation.

Nouveaux métiers – Directeur de l’innovation

Après le directeur des réseaux (Chief Networking Officer), un nouveau membre de la direction dans l’entreprise en mutation : le directeur (ou la directrice) de l’innovation (Chief Innovation Officer).

L’innovation est le futur des entreprise. Près de 70% de la valeur des entreprises qui composent l’indice boursier 500 S&P est constitué de capital intangible (propriété intellectuelle, potentiel de recherche et développement, portfolio de projets, etc.).

Dans un contexte de changements disruptifs fréquents et dont des effets sont ressentis dans toutes les sphères d’activité des organisations, c’est la capacité de ces dernières à s’adapter et à se réinventer qui sera évaluée et valorisée.

Un récent billet paru sur Blogging Innovation esquisse une bonne description des mandats,

support and foster innovation within the company, and lead an incubator charged with discovering and developing innovation outside traditional corporate confines.

et champs d’intervention du directeur :

Idea Management
Recueillir les bonnes idées provenant de l’intérieur et de l’extérieur de l’entreprise (grâce aux réseaux sociaux).

People Management
Identifier les talents et faire développer le potentiel (formation).

Innovation Champion
Promouvoir l’audace et le dépassement et souligner les bons coups.

Réalité numérique – Afrique web

Changement de décor: les promesses du web se réaliseront-elles aussi en Afrique ? Bientôt peut-être.

Un coup d’œil sur des sites et des blogues repérés via l’Atelier des médias, communauté animée par Philippe Couve, nous donne de l’Afrique une autre image qui nous change de celles que  les médias nous rapportent (famine, sida, conflits, etc.).

L’image d’individus et de sociétés qui tentent de tirer le meilleur parti des nouvelles technologies pour s’informer, échanger et se développer.

YUL Kinshasa ?

Africa 2.0
Excellent blogue sur la réalité numérique africaine. Pour mieux comprendre la fracture numérique et prendre contact avec d’autres cultures sur la blogosphère.

AfricanTech
Blogue d’un étudiant camerounais en génie logiciel dont les billets permettent de suivre le développement des infrastructures, la naissance de jeunes entreprises et l’utilisation des nouvelles technologies.

AfroTIC
Blogue d’un informaticien congolais passionné par les nouvelles technologies (surtout en code libre) et leurs applications en Afrique.

TED Africa

Timbuktu Chronicles
Blogue d’Emeka Okafor, un entrepreneur d’origine tanzanienne, directeur de TED Africa. Même s’il vit à présent à New York, l’auteur nous fait enter dans un univers bouillonnant d’activités. Sa blogoliste est une excellente source de références pour qui s’intéresse au développement des pays africains.

Journalisme mobile: le saut quantique

Voice of Africa
Le projet de formation de journalistes du Cameroun, du Ghana, de la Tanzanie et du Kenya. Ces journalistes n’ont qu’un téléphone mobile pour outil de travail. Le site diffuse les reportages et rend compte des bonnes et mauvaises expériences des utilisateurs.

Chaîne du livre numérique: où sont les éditeurs ?

Vigie –  Modèles d’affaires en mutation

On sait  déjà que des télécoms se sont positionnées dans la chaîne de distribution et de diffusion du livre numérique. Aux réseaux s’ajoutent les les marchands, par le biais du contrôle des lecteurs, comme Amazon avec le Kindle suivi récemment par une floraison de nouveaux lecteurs proposés par divers manufacturiers.

Livre numérique – La guerre des marchands, le silence des éditeurs

Pierre Alexandre Xavier, en bon observateur des changements et décalages, soulève l’étrange apathie des éditeurs dans le bouillonnement d’initiatives de marché autour du livre électronique. La distribution semble s’organiser autour des supports (liseuses ou lecteurs électroniques), sans les éditeurs.

La réalité est que la plupart des groupes d’édition ne savent pas comment négocier la transition. Et cette incapacité est renforcée par la faiblesse du dispositif classique de l’édition française. Essentiellement articulée sur la diffusion et la force de vente auprès des distributeurs, les dispositifs français souffrent d’une part trop maigre pour l’édition et pour la recherche et le développement.

Pour la perspective locale, rappelons que la chaîne du livre au Québec repose aussi sur les distributeurs et diffuseurs (ce qui n’est pas le cas dans les modèles américain et  britannique).

Les cultures d’entreprises changeront (malgré elles)

La plupart des industries voient leur modèle d’affaires mis à mal par les changements apportés par le web. Indirectement, la culture organisationnelle, d’un grand nombre d’entreprises (souhaitons-le) sera probablement touchée par cette vague de changements.

Socialiser pour innover

La socialisation est un terreau fertile pour l’innovation. Elle favorise la collaboration et le libre échange des idées.  Socialiser les processus dans une entreprise est un a priori pour assurer le potentiel d’innovation et la compétitivité des organisations. Mon billet précédent, Entreprises 2.0, prêtes pour un changement radical ?, fait référence aux conditions de réussite du travail collaboratif avec la génération Facebook identifiées par Gary Hamel.

Prendre les devants ou attendre d’être poussé

Les entreprises ne sont pas imperméables aux réseaux sociaux, au micro bloging (Twitter et autres), aux plateformes de collaboration et de partage de contenu. Ces technologies font partie du quotidien de plus en plus de gens, et surtout de celui de la prochaine génération d’employés. Tôt ou tard, comme le prévoie Mark Prensky, les entreprises devront répondre aux attentes des natifs du numérique.

Toute résistance (au changement) est futile

Voir cette très instructive (et légèrement irrévérencieuse) présentation de Marta Kagan, (pleine d’arguments qui devraient faire comprendre la portée du web 2.0 à tout dinosaure).

L’usage d’Internet a atteint un plateau (Forrester)

Forrester a publié cette semaine un rapport sur l’utilisation de l’Internet et les statistiques indiquent, qu’à 12 heures par semaine sur le web, nous atteignons un plateau. Doit-on s’en inquiéter ? Ou n’est-il pas incongru de s’attendre  à une croissance continue ?

Ces statistiques contiennent surtout de précieux indicateurs de changement pour les stratèges marketing qui n’avaient pas encore compris que le marché n’est plus le même. L’auteur du rapport, Jackie Rousseau-Anderson, commentait les résultats pour AdvertisingAge:

That might sound obvious, but this is the year web surfing leveled off at 12 hours a week after growing from less than six hours a week in 2004, according to Forrester’s annual survey of more than 40,000 American consumers’ self-reported media habits.

Ces résultats illustrent bien la nouvelle donne des stratégies marketing: fragmentation de l’audience et usage intégré des différents médias par les consommateurs (ex.: télévision, téléphone mobile et web). Les nouvelles stratégies marketing doivent identifier et cibler davantage les clientèles en les suivants sur les différents médias et plateformes Web.

By looking at the complete consumer, cross-channel messaging will be more effective. Since consumers don’t like in online and offline silos, effective messaging will reach them across multiple points. In order to create these effective messages marketers need to understand their consumers across digital and non-digital channels.

Ceux qui n’ont pas compris l’importance de faire un usage pertinent et bien intégré des médias traditionnels et des nouveaux médias ne pourront pas établir les connexions essentielles aux nouvelles stratégies de communication.

Le journalisme au secours des médias

Plus que les institutions (ou l’industrie du contenu), ce sont ceux qui font la pratique du journalisme qui s’activent à trouver des solutions pour s’adapter et pour financer leurs activités.

L’analyse des budgets d’opération des médias traditionnels et la comparaison avec ceux des nouveaux médias permettent de trouver quelques idées pour renouveler des pratiques qui ne correspondent plus aux modèles économiques et aux nouvelles technologies.

D’abord, cesser de croire au miracle

Rober Picard, économiste et expert des médias démontre dans Online Aggregators and Newspaper Strategy que le modèle payant est loin d’assurer la tranquillité d’esprit des médias imprimés. Il identifie les éléments qui remettent son efficacité en question.

Ensuite, comparer, analyser, expérimenter

MediaShift s’interroge sur le coût de l’information. Le billet,  The New (Lower) Cost of News, fait ressortir les coûts d’opération des médias traditionnels et des nouveaux médias. Il donne en exemple le petit budget d’opération annuel de Rabble.ca, un site d’information fondé par un groupe de journalistes, écrivains et activistes canadiens en 2001.

Le projet New Business Models for news

L’école de journalisme de la City University of New York a lancé un projet de recherche des nouveaux modèles d’affaires pour les médias écrits. Sous la direction de Jeff Jarvis, prof à la CUNY et co-fondateur de l’agrégateur de nouvelles DayLife, et soutenu par les fondations Knight et McCormick, le projet New Business Models for news rend compte des initiatives des journaux américains.

Récemment, Jeff Mignon et Nancy Wang, blogueurs, consultants et chercheurs du domaine des médias, se sont joints au projet.

Le projet comporte quatre volets d’étude:

  • The optimal hyperlocal (town or neighborhood) blog or site.
  • The new news organization.
  • Publicly supported journalism.
  • The ecosystem’s framework.

Nouveaux métiers – Directeur des réseaux

Réseaux sociaux d’entreprises – Comment en tirer profit ?

Ce billet résume le livre blanc publié par blueKiwi sur les réseaux sociaux d’entreprise, Bloor Report: An Executive Guide to Enterprise Social Networking .

Très intéressante description d’une nouvelle fonction (Chief Networking Officer), se rapportant directement à la direction générale. Le titulaire du poste est chargé d’identifier et de coordonner les animateurs de réseaux sociaux. On y détaille les compétences requises et les tâches. Extrait:

Le CNO, véritable ambassadeur du réseau est situé au carrefour de l’entreprise, doit coordonner ses programmes avec chaque grande direction opérationnelle et fonctionnelle et agir en partenariat étroit avec trois départements en particulier /…/

Ces trois départements sont les ressources humaines, informatique et marketing/communications.