Comment encadrer l’exploitation des données des internautes canadiens sur les plateformes de diffusion de contenus culturels alors que nous peinons à comprendre leur fonctionnement ?
Comprendre ce qu’il se passe
À titre d’exemple, contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas nos données qui ont le plus de valeur, c’est ce qu’en font les plateformes. L’analyse des données issues de nos interactions sociales et de notre utilisation des contenus leur permet de faire du ciblage comportemental et tout en développant une meilleure compréhension des produits et services à concevoir. Plus les données qui décrivent des contenus sont riches et détaillées, plus il devient alors possible d’identifier des caractéristiques susceptibles d’expliquer la relation entre l’utilisateur et le contenu. Pour cette raison, le croisement des données personnelles d’acheteurs de billets de spectacle avec une description d’offre limitée à un titre et une catégorie apportera peu d’éclairage sur les goûts, la motivation ou l’expérience recherchée.
C’est donc en pensant au besoin, pour les différents acteurs concernés, de développer une compréhension commune des enjeux que Destiny Tchehouali et moi avons rédigé une étude, commanditée par la Coalition pour la culture et les médias (CCM). Professeur et chercheur en communication internationale, à l’UQAM, Destiny est président du conseil d’administration d’ISOC Québec, organisme dont je fais également partie à titre d’administratrice.
Intitulée « Données d’usage et usage des données à l’ère des plateformes », cette étude à été réalisée dans le contexte de l’examen du cadre législatif de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Elle dresse un état des lieux des principaux enjeux et défis liés à l’accès, à l’utilisation et à la gouvernance des données d’usages des plateformes de diffusion culturelle. Pour conclure, nous avons dégagé des pistes de recommandations pour un meilleur encadrement de l’utilisation des données:
- Souveraineté numérique et responsabilité en matière d’accès et de collecte des données d’intérêt public
- Concurrence, innovation et accès aux services
- Neutralité d’Internet
- Découvrabilité du contenu canadien et promotion de la diversité des expressions culturelles
Mieux apprendre un sujet complexe
Participer à cette étude m’a permis de constater, une fois de plus, la nécessité, pour tous les acteurs du domaine culturel et tous ceux qui participent à l’élaboration de politiques publiques, de maîtriser des connaissances qui sont fondamentales pour rattraper notre retard numérique. Je ne fais pas référence à des outils et usages qui peuvent être enseignés au cours de sessions d’information. Je fais plutôt le souhait d’un programme avec une approche intégrée des volets stratégiques, technologiques, cognitifs et organisationnels de l’information dans un monde numérique.