Il y a un public qui se reconnaît (ou se satisfait) dans des contenus créés par des « médias de masse » et il a ceux qui trouvent leur bonheur sur le Web. Je fais partie de ces derniers. Mes enfants étaient sctochés devant la télé (Teletoon, Vrak, YouthTV, etc.); ados, ils ont migré sur Internet; jeunes adultes, ils se font leur programmation vidéo et musicale au gré des échanges avec leurs amis sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
Nous sommes passés du texte dominant des médias traditionnels à l’hypertexte pluriel et multidimensionnel de l’Internet.
Le déclin des médias dits de masse
Que la revue humoristique de l’année fasse rire ou pas m’importe peu. C’est la désagrégation d’une élusive audience de masse (artifice de marketing qui tend à oblitérer l’hétérogénéité des individus) qui se profile dans ce billet de Martin Lessard, Les médias sociaux et le Bye Bye, et qui s’ajoute aux observations des spécialistes des différents médias.
Ce fractionnement des espaces de diffusion et de conversations n’est inquiétant que ceux pour qui la production de contenus télé constitue le gagne-pain.
Les nouveaux médiateurs sociaux
En 2003, Sonia Livingstone, professeur de psychologie sociale et directrice des études en média et communications à la London School of Economics, publiait cette étude : The changing nature of audiences : from the mass audience to the interactive media user. Elle avait anticipé que les évènements sociaux deviendraient des espaces médiatisés par les consommateurs, utilisateurs, participants.
For « audience » researchers, then, the interesting questions are less and less, when and why do people watch television or read a newspaper, if this question means, implicitely, why do they do this instead of doing something else? Rather, as social spaces, and social relations, which are untouched by mediated form of communication become fewer and fewer, we must instead ask questions about how, and with what consequences, it as come about that all social situations (whether at home or work, in public or in private, at school or out shopping) are now, simultaneously, mediated spaces, thereby constituting their participants inevitably as both family, workers, public or communities and as audiences, consumers or users?
Mesurer quoi ?
Le numérique a changé la façon dont nous interagissons avec des contenus. Plutôt que mesure des audiences, devrions-nous plutôt mesurer l’engagement (par exemple, qui reçoit quoi et ce qu’il en fait) ?
Je me demande même s’il ne faut pas inverser la question des chercheurs et ne plus voir des médias à la recherche d’audience, mais plutôt voir des groupes à la recherche d’espace de médiation…
Je crois que tu as raison Martin. En 2003, lorsque l’article de Sonia Livingstone a été publié, je crois que la plupart des spécialistes de l’industrie des médias et de communications, percevaient encore les médias au centre de leur modèle économique traditionnel (ventes publicitaires), d’où la recherche d’audience. Ta proposition « Groupes à la recherche d’espace de médiation » est certainement inquiétante pour les médias qui sont, depuis, en concurrence avec les autres médiateurs sociaux, mais c’était écrit…
Pour les annonceurs, citoyens corporatifs qui traditionnellement utilisaient les «médias dits de masse» le problème se pose aussi de savoir comment remplacer leur monologue corporatif par autre chose. Ce glissement des medias traditionnels vers les médias sociaux, ou chacun devient participant, commentateur et journaliste change radicalement les choses. Le monde devient plus transparent. Plus moyen de ce cacher derrière un message pub unilatéral. Fini le contrôle du message. La pub elle même est commentée et devient objet des conversations.
Tu mets le doigt sur le bobo, Louis. Il est plus facile de s’adapter au changement technologique que d’explorer les nouvelles possibilités d’un medium et de revoir le modèle d’affaires. On continue donc, sur le Net, à faire de la publicité comme avant: en poussant de l’info sous les yeux d’une audience aux caractéristiques plus ou moins définies et non en répondant à un besoin au moment opportun.